Présidentielle au Tchad : le chef de la junte Mahamat Déby élu, mais son Premier ministre conteste les résultats

Succès Masra, passé dans l'opposition, avait revendiqué la victoire et dénoncé des trucages avant l'annonce des résultats officiels provisoires, qui attribuent 61% des voix au chef de l'Etat sortant.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des soutiens du général Mahamat Idriss Déby Itno célèbrent la victoire de leur candidat à la présidentielle au Tchad, à N'Djamena, le 9 mai 2024. (ISSOUF SANOGO / AFP)

"Je suis désormais le président élu de tous les Tchadiens". Le général Mahamat Idriss Déby Itno a été déclaré vainqueur de l'élection présidentielle au Tchad, jeudi 8 mai, trois ans après avoir pris le pouvoir à la tête d'une junte militaire, succédant à son père après la mort de celui-ci, sans passer par les urnes. Son Premier ministre, Succès Masra, largement battu, conteste cette victoire.

Mahamat Idriss Déby Itno, 40 ans, a recueilli 61,03% des voix, selon les résultats officiels provisoires de la commission électorale qu'il avait nommée, contre 18,53% pour Succès Masra. Le taux de participation s'est officiellement élevé à 75,89%. Ces décomptes doivent encore être validés par le Conseil constitutionnel, lequel avait également été nommé par le chef de la junte.

Masra revendique la victoire et appelle à manifester

Peu après l'annonce, des militaires ont tiré en l'air à l'arme légère à N'Djamena, la capitale, dans le quartier où siège le parti de Succès Masra. Une expression de joie manifestement destinées également à dissuader d'éventuels rassemblements, ont rapporté des journalistes de l'AFP. Quelques habitants couraient pour se terrer chez eux et les rues ont vite été désertées.

Près du Palais présidentiel, en revanche, de nombreux partisans de de Mahamat Idriss Déby célébraient sa victoire en criant, chantant et klaxonnant dans leurs voitures, recouvertes du drapeau tchadien pour certaines.

Succès Masra avait revendiqué la victoire avant la proclamation des résultats officiels, dans un long discours sur Facebook où il accusait par avance le camp Déby d'avoir truqué les résultats pour annoncer la victoire du général. Disant se fier aux comptages des bulletins réalisés par ses propres partisans, il a appelé les Tchadiens à "ne pas se laisser voler la victoire" et à la "prouver" en "se mobilisant pacifiquement, mais fermement".

Une protestation de ses partisans dans la rue pourrait ouvrir la voie à des violences meurtrières, les manifestations de l'opposition étant systématiquement réprimées dans ce pays marqué, depuis son indépendance de la France en 1960, par les coups d'Etat, les régimes autoritaires et les assauts réguliers d'une multitude de rébellions.

La Fédération internationale pour les droits humains s'était inquiétée, le 3 mai, d'une "élection qui ne semble ni crédible, ni libre, ni démocratique", "dans un contexte délétère marqué par (...) la multiplication des violations des droits humains".

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