Cet article date de plus de quatre ans.

Tundu Lissu le "miraculé", candidat à l'élection présidentielle en Tanzanie

Atteint de 16 balles, il a survécu à un attentat en 2017. Tundu Lissu, candidat du principal parti d'opposition sera l’adversaire majeur du président sortant, le très décrié John Magufuli.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Tundu Lissu lors de son retour d'exil, le 27 juillet 2020 à Dar es Salaam en Tanzanie. (STR / AFP)

L'homme a acquis une stature de héros après avoir survécu à un attentat le 7 septembre 2017, alors qu'il rentrait chez lui à Dodoma, la capitale administrative de Tanzanie. Ses agresseurs lui ont tiré 16 balles dans le corps et l'ont laissé pour mort.

On lui prodigue les premiers soins à Dodoma, avant de l'évacuer pour sa sécurité à Nairobi au Kenya. Tundu Lissu y passe plusieurs mois, puis gagne la Belgique où il est encore opéré 19 fois. C'est là qu'il séjournera jusqu'à son retour en Tanzanie. Quant à ses assaillants, ils n'ont jamais été retrouvés.

Le challenger

A peine revenu d'exil le 27 juillet, Tundu Lissu retourne au combat. Il a été désigné candidat à la présidentielle tanzanienne par le Chadema, pour Chama cha Demokrasia na Maendeleo, principal parti d'opposition auquel il appartient. L'élection est prévue le 28 octobre prochain.

Né en 1968, avocat de formation et ancien bâtonnier de l'Ordre, Tundu Lissu est élu député en 2010. Il devient alors une figure de l'opposition tanzanienne, multipliant les critiques et les accusations à l'encontre du président John Magufuli et de son gouvernement. Pour la seule année 2017, il est arrêté six fois pour des motifs aussi divers que trouble à l'ordre public, à insulte au président de la République, qu'il a qualifié de "petit dictateur".

Dérive autoritaire

Car en effet le pouvoir de Magufuli, élu en octobre 2015, devient de plus en plus autoritaire. On lui reproche régulièrement de réduire les libertés publiques. L'opposition l'accuse de museler les médias, voire pire, de faire disparaître ses opposants politiques. L'attentat dont a été victime Tundu Lissu ferait partie de cette politique de la terreur.

La gestion de l'épidémie du coronavirus par le président n'a fait que discréditer un peu plus ce dernier. Minimisant à outrance le danger, John Magufuli n'a d'ailleurs pris aucune mesure particulière. Et pour faire bonne mesure, depuis avril, la Tanzanie ne communique plus aucun chiffre sur la situation sanitaire du pays. Désormais il est interdit de faire circuler ou de partager sur internet toute information sur l'épidémie de Covid-19.

Le contexte pourrait donc sembler idéal pour l'opposition avec un candidat charismatique opposé à un président sortant de plus en plus décrié. Mais pour certains observateurs, le fait que l'opposition parte à la bataille en ordre dispersé et présente trois candidats, ne fait que favoriser l'actuel président.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.