Cet article date de plus d'un an.

Témoignage Soudan : à Khartoum, le sentiment que "les étrangers nous ont abandonnés"

La trêve, qui a duré trois jours, a permis l'évacuation de plusieurs milliers de ressortissants étrangers, dont 214 Français. Mais les Soudanais restés sur place vivent avec les pénuries d'eau, de nourriture et d'électricité, et la présence de militaires et paramilitaires dans la rue.
Article rédigé par Valérie Crova
Radio France
Publié
Temps de lecture : 1min
Des évacués du Soudan qui arrivent à Jakarta, en Indonésie, le 28 avril 2023. (HANDOUT / INDONESIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)

Mohamed a difficilement traversé Khartoum pour aller voir sa mère. Il y a quatre jours, des combats extrêmement violents ont touché le quartier de Bahri où elle vit, dans le nord de la capitale soudanaise. "Dans le quartier de ma mère, ils sont arrivés jusqu'aux portes de la maison", explique-t-il. Une grenade, qui n'a pas explosé, a été retrouvée à l'intérieur de la maison. Mohamed a noté une forte présence des miliciens, des forces de soutien rapide, qui s'opposent au général al-Burhane. Des militaires et des paramilitaires, qui quadrillent Khartoum et s'affrontent, avec les civils au milieu.

"Il y a beaucoup d'agents, ils demandent leurs papiers aux conducteurs des voitures, ils posent des questions : qu'est-ce que tu fais ? Qu'est-ce que vous avez sur vous ? Est-ce que vous pourriez ouvrir les voitures ?"

Mohamed, habitant de Khartoum

à franceinfo

"Il y a beaucoup de militaires dans les rues, vraiment on ne sait pas ce qu'il va se passer", ajoute-t-il. Parce qu'il ne veut pas laisser ses parents âgés,  Mohamed n'entend pas quitter le Soudan. La trêve, qui a duré trois jours, a permis l'évacuation de plusieurs milliers de ressortissants étrangers, dont 214 Français. 

>> Soudan : "Il a fallu tout faire tout seuls, se débrouiller", raconte une Soudanaise qui a fui Khartoum

Les Soudanais restés sur place doivent composer avec les pénuries d'eau, de nourriture et d'électricité. Ces évacuations ont donc parfois été interprétées négativement : "Les Soudanais ont vu les étrangers partir rapidement, donc ils ont le sentiment qu'ils ont abandonné le Soudan", développe Mohamed. Lui dit comprendre que les étrangers aient pris la décision de s'en aller. La situation est terrible ici, répète Mohamed, dont la plus grande crainte est que le Soudan ne sombre dans la guerre civile.

Au Soudan, le témoignage d'un habitant de Khartoum recueilli par Valérie Crova

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.