: Témoignage Soudan : "Il a fallu tout faire tout seuls, se débrouiller", raconte une Soudanaise qui a fui Khartoum
Dalia Abdelmoneim n'a qu'un mot pour décrire les jours qu'elle vient de passer, "un cauchemar". À Khartoum, cette jeune Soudanaise vivait dans le quartier d'Amarat, entre l'aéroport et le QG de l'armée, au coeur des combats qui opposent depuis dix jours le camp du chef de l'armée le général al-Bouhran et celui de son ancien allié le général "Hemedti", le chef des paramilitaires. Un cessez-le-feu de 72 heures conclu lundi 23 avril entre belligérants sous l'égide des États-Unis a été partiellement respecté.
Dalia se souvient des avions de chasse tous les jours et de cette roquette qui est tombée sur sa maison, abîmant le toit. "Nous étions nerveux, raconte-t-elle, les étrangers étaient évacués et nous avons compris qu'après les combats allaient reprendre et qu'il fallait fuir parce que les combats seraient pires ensuite". "Nous sommes soudanais. Nous n'avons personne pour nous aider. Alors il a fallu tout faire tout seuls, trouver un bus, l'affréter, négocier les prix, se débrouiller", ajoute-t-elle alors que plusieurs centaines d'étrangers, dont des Français ont été évacués du Soudan ces derniers jours. Des milliers de personnes continuent de tenter de fuire la capitale, 10 jours après le début des combats qui ont fait plus de 459 morts et plus de 4000 blessés, selon l'ONU.
Il faut compter 300 euros pour un aller simple direction Port-Soudan, sur la mer Rouge. Une fortune que beaucoup d'habitants n'ont pas les moyens de payer. Dimanche, Dalia a compris qu'elle n'avait plus le choix : "Les gens qui nous ont aidés à partir ont vu des corps devant la maison".
"Il va falloir tout recommencer à zéro"
La jeune femme n'en veut pas, dit-elle, à la communauté internationale d'avoir fait partir les étrangers. Mais elle ne comprend pas, en revanche, qu'ils n'admettent pas leur tort : "Ce qui se passe au Soudan, ils en sont responsables. Ils n'ont pas écouté les Soudanis lorsqu'on leur a dit qu'ils ne pouvaient pas discuter avec Hemedti et ses forces paramilitaires, ni avec l'armée parce qu'ils ne se battent que pour le pouvoir".
Dalia a fui Khartoum avec sa mère et son neveu. À Port-Soudan, ils attendent avec la foule qui a fui la capitale. Elle espère pouvoir revenir chez elle et ne souhaite pas quitter le Soudan. Elle se souvient de l'espoir qui l'animait lors de la révolution qui a conduit au départ d'Omar al-Bachir. "Il va falloir tout recommencer à zéro, dit-elle. Mais j'aurai toujours de l'espoir. Je ne perdrais pas l'espoir pour mon pays et pour mon peuple".
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