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Soudan du sud : Salva Kiir incite son rival Riek Machar à "rentrer à la maison"

Encore sous l’effet de leur rencontre avec le pape François en avril au Vatican, le président sud-soudanais Salva Kiir a renouvelé un appel à son ancien vice-président Riek Machar à revenir à Juba et à devenir un partenaire pour la paix

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Le président du Soudan du Sud, Salva Kiir (à droite), salue les députés lors de l'ouverture de la session parlementaire à Juba, le 14 mai 2019. (CHOLMAY AKUOT / AFP)

"Je lui ai complètement pardonné et tout ce que je lui demande c'est de devenir un partenaire pour la paix, car il n'est plus mon adversaire." C’est par ces mots empreints de rédemption que le président sud-soudanais Salva Kiir a lancé un nouvel appel à son ancien vice-président Riek Machar

L'influence bénéfique du pape François

Dans un discours prononcé lors de l’ouverture de la session parlementaire, le 14 mai 2019, le président Kiir a vanté l’influence bénéfique du pape François et promis d’œuvrer à la paix conclue à Addis Abeba en septembre 2018. Un accord qui avait permis de mettre un terme à la guerre civile débutée en 2013 et prévoyait en principe la formation d’un gouvernement transitoire d’union nationale au 12 mai.

"Dans l'esprit de cet accord (de paix) et de notre expérience à Rome, je réitère mon invitation à Riek Machar à rentrer à la maison", a ajouté le chef de l'Etat. "Nous avons besoin de lui", peut-on même l’entendre dire dans un sonore diffusé par RFI.

Devant les parlementaires, M. Kiir est également revenu sur le geste du successeur de Saint Pierre, qui s'était agenouillé pour embrasser les pieds des deux belligérants lors d'une retraite spirituelle à laquelle il avait invité les deux hommes les 11 et 12 avril au Vatican.

"Pour être honnête, j'étais bouleversé et je tremblais, mais je savais aussi au fond de moi que sa Sainteté faisait ça pour montrer l'humilité du Christ, a-t-il raconté. Il nous disait d'être humbles et d'être de bons servants du peuple."

Le 11 avril, le pape François s'est agenouillé et a embrassé les pieds des dirigeants du Soudan du Sud, ici ceux de Riek Machar, à l'issue d'une retraite de deux jours pour les aider à consolider un accord de paix. (HANDOUT / VATICAN MEDIA)

"L'acte d'humilité du pape François est à la fois une bénédiction et une malédiction pour nous tous. Une bénédiction, si nous entendons son appel à la paix, et une malédiction si nous jouons avec la vie de notre peuple", a-t-il dit.

Salva Kiir a également réaffirmé ses engagements passés, mais rarement tenus, à œuvrer pour la paix."Notre pays est à la croisée des chemins : embrasser et consolider la paix ou s'enfoncer à nouveau dans la guerre. Je me bats pour la paix et la stabilité et je rejette complètement la guerre", a-t-il martelé, promettant : "Mon gouvernement utilisera donc toutes les ressources à sa disposition dans le but de consolider la paix et la stabilité."

Machar, inquiet pour sa sécurité à Juba

Riek Machar, le chef rebelle et ennemi juré du président, qui doit récupérer son poste de vice-président, s’inquiète toutefois des conditions de sécurité pour son retour dans la capitale sud-soudanaise. Il a obtenu début mai un délai de six mois supplémentaires pour former le gouvernement de transition.

Les travaux de l’Assemblée étaient ajournés, eux, depuis décembre 2018 pour permettre aux parlementaires de retourner dans leur circonscription écouter les doléances de leurs administrés.

Le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en décembre 2013, lorsque le président Kiir a accusé Riek Machar, son ancien vice-président, de fomenter un coup d'Etat. Le conflit, marqué par des atrocités et le recours quasi systématique au viol comme arme de guerre, a fait plus de 380 000 morts selon une étude récente, et poussé plus de quatre millions de Sud-Soudanais, soit près d'un tiers de la population, à quitter leur foyer.

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