Soudan du Sud : des centaines de civils massacrés par les forces antigouvernementales
Depuis mi-décembre, les troupes du président Salva Kiir affrontent les rebelles, dirigés par son ancien vice-président, Riek Machar. Un conflit qui réveille d'anciennes tensions ethniques.
Des centaines de civils ont été tués mi-avril, dans la seule ville de Bentiu, au Soudan du Sud. Les troupes du camp de l'ancien vice-président Riek Machar, qui affrontent depuis mi-décembre l'armée gouvernementale aux ordres du président Salva Kiir, y ont perpétré des massacres, a annoncé l'ONU, lundi 21 avril. Selon la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (Minuss), les forces pro-Machar ont "séparé des individus de certaines nationalités ou groupes ethniques et les ont mis en sécurité, tandis que les autres ont été tués".
En décembre 2013, l'actuel président a accusé son ancien numéro 2 de vouloir le renverser. Riek Machar a d'abord démenti, avant de reconnaître avoir pris le commandement des forces antigouvernementales. A ce conflit se sont greffés de vieux antagonismes ethniques entre le peuple Dinka, auquel appartient le président Salva Kiir, et les Nuer, l'ethnie de Riek Machar. Ainsi, les combats, qui ont fait des milliers de morts depuis le début des violences le 15 décembre, s'accompagnent régulièrement de massacres à caractère ethnique.
Tués dans une mosquée, une église et un hôpital
Selon la Minuss, "plus de 200 civils semblent avoir été tués et plus de 400 blessés dans [une] mosquée" où des centaines de personnes avaient trouvé refuge. Les troupes antigouvernementales ont également demandé à des civils réfugiés dans une église catholique et dans une enceinte abandonnée du Programme alimentaire mondial (PAM) de révéler leur origine ethnique ou leur nationalité avant d'en tuer plusieurs, selon l'ONU.
Enfin, "à l'hôpital de Bentiu, des hommes, femmes et enfants Nuer ont été tués parce qu'ils se cachaient et refusaient de rejoindre d'autres Nuer pour célébrer l'entrée [des forces rebelles dans la localité]". "Des individus d'autres communautés sud-soudanaises, ainsi que des Darfouris [originaires de la région du Darfour, dans l'ouest du Soudan] ont été spécifiquement visés et tués à l'hôpital", poursuit la Minuss.
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