Que se passe-t-il au Soudan du Sud ?
Le pays, qui vient tout juste d'accéder à l'indépendance, est en proie à la guerre civile depuis la mi-décembre. Les évènements se sont précipités dimanche.
Après une semaine de combats qui ont fait des dizaines de morts et des centaines de blessés, les forces gouvernementales du Soudan du Sud ont intensifié leurs opérations, dimanche 22 décembre, pour reprendre aux rebelles la ville de Bor, à 200 km au nord de la capitale Juba.
Les troupes loyalistes ont également empêché les partisans de l'ancien vice-président Riek Machar, limogé en juillet dernier, de s'approcher des champs pétrolifères de l'Etat d'Unity, selon le ministre des Affaires étrangères Benjamin Marial.
Francetv info revient sur la guerre civile qui menace ce tout jeune pays, qui a accédé à l'indépendance en 2011 et doit gérér l'importante manne pétrolière issue des oléoducs qui traversent le pays.
Des rebelles menés par l'ancien vice-président
Les combats ont commencé à Juba il y a une semaine. L'actuel président Salva Kiir a accusé l'ancien vice-président Riek Machar de vouloir le renverser. Ce dernier a d'abord démenti avoir voulu mener un coup d'Etat avant de reconnaître avoir pris le commandement des forces antigouvernementales.
Les affrontements se sont ensuite étendus à d'autres régions, forçant 42 000 personnes à chercher refuge dans les bases des Nations unies et de nombreux expatriés à quitter le pays.
Dimanche, à Bor, capitale de l'Etat de Jonglei, des soldats gouvernementaux sont tombés sur un groupe rebelle dans lequel se trouvait Riek Machar, l'ancien vice-président. Des renforts ont été dépêchés dans cette ville, dont le gouvernement avait reconnu mercredi la perte. Elle avait déjà été le théâtre, en 1991, d'un massacre commis par les Nuer, ethnie dont est issu Riek Machar, contre les Dinka, ethnie de l'actuel chef de l'Etat.
"Le gouvernement doit imposer son autorité et a envoyé des troupes pour chasser les renégats du centre de la ville (...) Nous sommes en train de chasser les rebelles", a dit le ministre des Affaires étrangères.
Les intérêts internationaux en question
Les flux de pétrole sud-soudanais dans les oléoducs du Soudan ne sont pas affectés par les combats au Soudan du Sud, a affirmé dimanche l'ambassadeur sud-soudanais à Khartoum, où les autorités ont fait part de leur inquiétude. Le pétrole, dont le Soudan du Sud produit 245 000 barils par jour, représente la quasi-totalité des revenus du pays.
Mais des entrepôts de l'Onu et de plusieurs ONG ont été pillés dans l'Etat de Jonglei - à Akobo et à Bor - ainsi que dans celui d'Unity, selon les Nations unies.
Samedi, trois appareils américains Osprey CV-22 ont été atteints par des tirs alors qu'ils tentaient d'évacuer des ressortissants américains pris dans les combats. Quatre militaires américains ont été blessés par ces tirs.
L'ONU évacue son personnel "non essentiel" de la capitale
L'ONU a commencé à évacuer son "personnel non essentiel" de Juba, la capitale. Dans un communiqué, la mission des Nations unies dans le pays, la Minuss, indique que ce redéploiement est "une mesure de précaution" pour éviter d'épuiser ses ressources à Juba, où près de 20 000 civils se sont placés sous la protection de l'ONU.
Le personnel civil de la base de Bor (à 200 km au nord de Juba) a déjà été transféré vers Juba et la Minuss va "renforcer sa présence militaire" à Bor et Pariang "pour continuer à remplir son mandat de protection des civils sud-soudanais", indique le communiqué de l'ONU.
"Nous n'abandonnons pas le Soudan du Sud", a déclaré le représentante spéciale de l'ONU dans le pays Hilde Johnson, cité dans le communiqué : "Nous disons clairement à tous ceux qui nous menacent ou nous attaquent que nous ne nous laisserons pas intimider."
Les Etats-Unis évacuent Américains et étrangers de Bor
Washington a annoncé dimanche avoir évacué avec l'ONU des Américains et d'autres étrangers de Bor au Soudan du Sud, où une opération similaire a dû être annulée la veille.
Pour mener à bien cette mission organisée "en lien avec le gouvernement sud-soudanais", les Etats-Unis et les Nations unies "ont pris des mesures pour s'assurer que les factions en conflit soient au courant que ces vols faisaient partie d'une opération humanitaire", a précisé le département d'Etat américain dans un communiqué.
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