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La Somalie craint le chaos après le départ des soldats de la paix

Tandis que les attaques terroristes se multiplient sur son territoire, la Somalie craint le départ, en 2021, des soldats de la paix de l’AMISOM, la Mission de l’Union africaine en Somalie. Elle sera alors seule face à la violence des terroristes.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des soldats ougandais supervisent l'exercice de tir de recrues somaliennes près de Ceeljaale, au sud du pays, le 19 septembre 2019. (TINA SMOLE / AFP)

Initialement prévue pour six mois, la mission de maintien de la paix a commencé en 2007. Il s’agissait alors de soutenir un congrès de réconciliation nationale au sortir de la guerre civile. Le Conseil de sécurité de l’ONU, qui supervise cette mission de paix, autorise le déploiement de 21 000 soldats et 500 policiers. Ceux-ci viennent d'Ouganda, du Burundi, d’Ethiopie et du Kenya.

A en croire le site internet de l’AMISON, son rôle a été fondamental dans la lutte contre le mouvement terroriste Al Shabab. L'AMISOM "a créé un environnement relativement sécurisé qui a permis au processus somalien de paix de s’enraciner et à la population locale de commencer à mettre en place des institutions locales qui peuvent fournir des services, reconstruire l’économie locale et créer des liaisons avec l’économie nationale et le gouvernement national ", peut-on y lire.

Raison de plus pour que la population s’inquiète du départ de cette force militaire. D’autant que la menace terroriste reste bien réelle. Car si les shebabs ont fui les villes, ils se sont éparpillés dans les campagnes d’où ils mènent des raids meurtriers.

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Reportage AFP/TV

Le dernier raid en date remonte au 11 décembre 2019 : les shebabs avaient alors attaqué un camp militaire situé à 20 km de Mogadiscio, la capitale. Bilan : quatre civils et un soldat tués. La veille, les terroristes s’en étaient pris à un hôtel de Mogadiscio. Trois civils ont trouvé la mort dans l’attaque, onze autres ont été blessés. L’hôtel SYL, où descendent les dignitaires du régime, a déjà été attaqué quatre fois depuis 2015. Cette fois, pas de véhicule piégé, les terroristes se seraient déguisés !

A en croire Nathan Muhisha, ambassadeur d’Ouganda en Somalie, la menace concerne également les autres pays de la région, rapporte l'AFP. Selon lui, les populations vont fuir la Somalie dès l’annonce du départ de l’AMISOM, et les pays voisins devront faire face à ces migrations. On pense à l’Ethiopie, au Kenya ou à la Tanzanie. Ces deux derniers étant déjà régulièrement la cible des attaques des shebab.

Un départ à hauts risques

Autre risque, que les shebab se renforcent réellement. "Si cela se fait de manière précipitée (et que) les conditions adéquates ne sont pas mises en place, nous craignons que les gains réalisés au fil du temps ne soient perdus", explique le commandant adjoint de l’Afisom, James Nakibus Lakara, à l’AFP.

Pourtant, la formation de l’armée et de la police est au cœur du dispositif de maintien de la paix. L’objectif est bien que la Somalie se prenne en main. Mais si l’AMISOM dit son inquiétude, elle n’en donne pas le pourquoi. Manque de préparation ? Manque de moyens ? Soldats peu fiables ? Aussi, cette mission de paix pourrait bien être une nouvelle fois prolongée, au-delà de 2021.

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