République démocratique du Congo : le lac Kivu n'est toujours pas purgé de ses gaz mortels
Alors que le volcan Nyiragongo s’agite de nouveau, les travaux pour purger le lac Kivu de ses gaz mortels n’ont toujours pas commencé. Une éruption du volcan pourrait provoquer l'explosion de ces gaz.
Le lac Kivu est le lac d’Afrique le plus dangereux. Il est qualifié de méromictique, c'est-à-dire que ses eaux de surface et de profondeur se mélangent rarement. Au fond du lac se concentrent alors d’importantes quantités de gaz toxiques (sulfure d’hydrogène, gaz carbonique et méthane). En cas de tremblement de terre ou d’éruption volcanique, il y a un risque important de dégazage, brutal et volumineux. Or, le lac Kivu s’étend au pied du Nyiragongo, le volcan le plus actif d’Afrique, entré en éruption pour la dernière fois en mai 2021. Si la lave du volcan entrait en contact avec les gaz, cela pourrait provoquer une catastrophe majeure.
C'est pourquoi le dégazage du golfe de Kabuno, à l’extrémité nord-ouest du lac Kivu à une vingtaine de kilomètres de Goma, est devenu une priorité. Le lieu, relié au lac par un étroit chenal, favorise la concentration des gaz mortels. Le golfe est peu profond et le gaz se concentre à environ dix mètres de la surface, explique le site internet Info Congo.
Le drame du lac de Nyos
Tout le monde a en mémoire le drame du lac de Nyos, au nord du Cameroun, survenu en 1986. Une éruption non visible avait fait remonter à la surface du lac entre 100 et 300 000 tonnes de dioxyde de carbone. Le nuage de gaz s'est d'abord élevé à près de 100 km/h avant de retomber sur les villages voisins, asphyxiant personnes et animaux jusqu'à 25 kilomètres du lac. 1 700 habitants avaient trouvé la mort.
Depuis cette catastrophe, des siphons ont été installés en 2001 à Nyos afin de dégazer le lac placé depuis sous haute surveillance. En 2016, les responsables de l’opération considéraient que 90% du gaz avait disparu. C’est la même chose qui est prévue sur le lac Kivu.
Une station pilote a été installée en janvier 2020 dans le golfe de Kabuno, bien avant l’éruption du Nyiragongo. "Mais depuis l'installation des matériels, placés sous la surveillance des personnes, rien n'est fait", assure le site internet Actualité.cd. Des experts de l’observatoire volcanique de Goma déplorent "cette sorte de laxisme dans l’exécution de ce projet", selon Info Congo.
Un projet en retard
Le président de la République, Félix Tshisekedi, a lui-même demandé après l’éruption du Nyiragongo "de tout mettre en œuvre pour entrer en contact avec l’opérateur devant entamer les travaux de dégazage".
#RDC: Conseil des ministres 28.05.2021
— Ministère des Hydrocarbures RDC (@Min_HydroRDC) May 29, 2021
le PR05 Félix Antoine Tshisekedi a chargé le Ministre des
Hydrocarbures,me @DidierBudimbu, de tout mettre en œuvre pour entrer en contact avec l’opérateur devant
entamer les travaux de dégazage du lac Kivu et du Golfe de Kabuno. pic.twitter.com/22pY3wjKdi
Selon Didier Budimbu, le ministre des Hydrocarbures, "le processus a connu un petit retard" en raison du blocage de l’argent nécessaire auprès par la Banque centrale. Il en coûterait 5,5 millions de dollars pour dégazer le lac.
Or le volcan Nyiragongo s’agite de nouveau. L’observatoire volcanique de Goma signale une forte activité sismique (des secousses appelées trémors) et une hausse de la température. De nouveau il crache de la fumée et des cendres. Mais on sait que quelque chose de bien moins contrôlable qu’une coulée de lave se cache sous les eaux du lac Kivu et menace la vie de deux millions de personnes.
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