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Les progrès du planning familial menacés par la fin des financements américains

Si l’usage des contraceptifs a augmenté en Asie et en Amérique latine, il reste encore très faible en Afrique subsaharienne. Le sommet «Global Family Planning», qui s'est ouvert le 11 juillet 2017 à Londres, veut donner accès aux contraceptifs modernes à 120 millions de femmes supplémentaires d'ici à 2020. L'inquiétude vient de Donald Trump qui a décidé de réduire les financements américains.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Family planning summit de Londres. La Fondation Melinda Gates financera l'accès à la contraception après l'annonce du retrait américain. (AFP/ Mike Theiler)

 
Rendre la contraception gratuite et accessible à tous dans les pays les plus pauvres, briser les tabous sociaux et culturels qui persistent autour de ces questions, tels sont les objectifs du sommet de Londres (Gobal Family Planning Summit), placé sous la présidence du Fonds des Nations Unies pour la population.

Donner aux femmes l’accès à la contraception, c’est non seulement lutter contre la mortalité maternelle et infantile, mais aussi lutter contres les grossesses précoces et allonger la scolarité des jeunes filles. «Selon le pays, la grossesse précoce dans certains cas est liée au mariage précoce, dans d'autres pays, elle est liée à la violence sexiste. Il s'agit aussi d'un manque d'éducation dans de nombreux cas. Nous savons tous quand une fille est enceinte et a un bébé tôt, elle est plus susceptible de quitter l'école.»
 
L’OMS estime à 225 millions, le nombre de femmes dans les pays en développement qui souhaiteraient espacer les naissances ou ne plus avoir d’enfants, mais qui n’utilisent aucun moyen de contraception.

Des millions de femmes et de jeunes filles sont toujours exposées aux risques de grossesses non-désirées et d’avortements dangereux. L'accès à la contraception éviterait 52 millions de grossesses non désirées dans le monde et 70.000 décès maternels en raison des complications associées.
 
Les pays sahéliens à la traîne
Si au Maghreb, 60% des femmes utilisent des moyens contraceptifs, elles ne sont que 26% en Afrique de l’Est et 14% en Afrique de l’Ouest ( pays de la Cedeao).

Des pays comme le Togo, la Côte d’Ivoire ou le Ghana ont amorcé une baisse de la fécondité; d’autres comme le Tchad, le Burkina Faso, le Mali et le Niger résistent avec une fécondité de 7,9 enfants par femmes.
 


L’enjeu est d’importance, car lorsque les jeunes filles ont accès à la planification familiale, elles peuvent achever leur scolarité et trouver un emploi. Ce qui permet de lutter contre la pauvreté et favorise le développement économique. Bien souvent, «un trop grand nombre d’enfants» empêche de les scolariser durablement. Au Niger, par exemple, 500.000 enfants supplémentaires arrivent chaque année sur les bancs de l’école primaire. Combien faut-il construire d’écoles et former de professeurs pour répondre à une population qui double tous les 20 ans? L’Union africaine fait de l’accès à la contraception moderne l’un de ses objectifs de développement. 
 
Des obstacles multiples
L’éloignement des centres de santé, les hommes qui veulent un grand nombre d’enfants (11 enfants désirés au Niger), les chefs religieux pour qui «seul Dieu décide», le regard social qui empêche de formuler une demande de pilule ou de préservatifs toujours mal vue pour les jeunes filles... sont autant d'obstacles à la contraception.

Ce sujet est crucial dans une région comme l'Afrique sahélienne, où 50% de la population a moins de 15 ans et où 75% des filles sont mariées avant l'âge de 18 ans.

Le sommet de Londres va donc tenter de sensibiliser les décideurs à ces obstacles culturels et d'étendre la gamme de méthodes de contraception abordables à disposition des femmes et des jeunes filles. Et également tenter de toucher les femmes qui connaissent des crises humanitaires dans les zones de conflits. Dans les camps de réfugiés du nord du Nigeria et du Kenya, de nombreuses jeunes filles subissent des viols, sans même pouvoir se protéger.

Un trou de 700 millions de dollars
Reste à trouver les financements nécessaire pour rendre gratuit l’accès à la pilule, voire aux implants pour les âges plus avancés. Avec aujourd'hui une inquiétude majeure: le gouvernement Trump a annoncé en mai 2017 une réduction drastique des financements américains.

Les Etats-Unis étaient, sous la présidence Obama, le plus important contributeur au Fond des Nations Unies pour la population. Un manque de 600 millions de dollars qui devrait être en partie compensé par les dons de la fondation Melinda Gates qui a annoncé une augmentation de 60% de ses financements pour les quatres années à venir. Melinda Gates qui s'est dite profondément troublée par la décision de Donald Trump. «Une décision qui menace tous les progrès enregistrées ces dernières années dans les pays les plus pauvres de la planète.»

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