Cet article date de plus de six ans.

Le Nigeria détient le triste record mondial de décès par cancer

La recherche sur le cancer avance et la survie à la maladie progresse, notamment dans les pays développés. Mais il y a de plus en plus de malades dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Certains pays connaissent des taux de mortalité par cancer très élevés, comme le Nigeria, où 40 femmes meurent chaque jour d’un cancer du sein. En cause notamment, des soins trop tardifs.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min

Le 4 février 2018, pour la Journée mondiale contre le cancer, l’OMS a rappelé que le cancer et les pathologies regroupées sous ce nom ont tué quelque 8,8 millions de personnes dans le monde en 2015. Cela en fait la deuxième cause de mortalité, après les maladies cardiovasculaires.

En tête des pays pour le nombre de décès par cancer, arrive le Nigeria, selon des études de l'Organisation mondiale de la santé et du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Quatre personnes sur cinq diagnostiquées en meurent. 10.000 décès sont enregistrés chaque année et 250.000 nouveaux cas de cancer.

Ainsi, le cancer du col de l'utérus tue une Nigériane toutes les heures. Chaque jour, 40 femmes meurent d’un cancer du sein et 26 hommes d’un cancer de la prostate.

«Alors que les résultats de plusieurs formes de cancer se sont améliorés au cours de la dernière décennie dans les pays développés, principalement en raison des progrès technologiques et scientifiques, les perspectives restent sombres au Nigeria. En Afrique, seulement 5% des cancers infantiles sont guéris, contre un taux de guérison de près de 80% dans les pays développés», a déclaré au Guardian Ifeoma Okoye, professeure d'oncologie et de radiologie au Nigeria.
 
Pour le site Vanguard, le Réseau africain de radio-oncologie ajoute que l'accès à la radiothérapie est moins développé en Afrique, où «au moins 55% de tous les cancers pourraient répondre à la radiothérapie, alors qu’elle n’est disponible que pour 5% de la population».


Des causes multiples
Malgré les progrès réalisés, le Dr Okoye estime qu’il faudrait prendre des mesures plus efficaces pour réduire les morts par cancer dans son pays. «Le niveau de sensibilisation des Nigérianes au cancer du sein et du col de l'utérus est très faible, et cela est accentué par la procrastination, la peur (…), les contraintes socio-économiques et les superstitions. (...) Ainsi, 83 à 87% des femmes touchées consultent tardivement, ce qui implique des coûts de traitement inabordables et entraîne une détérioration rapide de leur état et la mort», précise-t-elle dans le Guardian.
 
Le Dr Omolora Salako, un autre médecin oncologue qui témoigne dans le journal britannique, confirme: «Plus de 70% des patients atteints de cancer ne vont pas à l'hôpital à temps, ce qui limite sérieusement leurs chances de guérison, même avec les meilleurs spécialistes du cancer, les meilleures installations ou traitements chimiothérapiques.»
 
Mais au-delà, l'une des raisons pour lesquelles les patients cancéreux fuient les hôpitaux et les traitements conventionnels reste le coût élevé du traitement. Le Dr Olalade Kehinde confirme et il exhorte «le gouvernement fédéral à inclure le traitement du cancer dans le régime national d'assurance maladie pour un accès sans entrave à un système de santé efficace».
 
Des progrès même s'il reste beaucoup à faire 
En dépit des obstacles dans le dépistage, le pays a fait des progrès dans la prévention, le diagnostic et le traitement de la maladie. L'Institut national de recherche et de traitement du cancer a déposé un projet de loi en décembre 2017 pour donner une orientation nationale en matière de recherche, de contrôle et de traitement du cancer. 

Et il y a quelques mois, l'hôpital national d'Abuja a reçu deux équipements de radiothérapie ultraperformants. Lors de leur inauguration, le ministre nigérian de la Santé, le Pr Isaac Adewole, a précisé qu’une centaine de patients pourraient être traités quotidiennement. D’autres équipements similaires devraient être installés à l'hôpital universitaire de Lagos d'ici la fin du deuxième trimestre.

Selon l'OMS, «en 2017, 26% seulement des pays à faible revenu déclaraient disposer de services de pathologie généralement offerts par le secteur public. Moins de 30% des pays à faible revenu déclaraient disposer de services de traitement, alors que la proportion pour les pays à revenu élevé dépassait 90%»...

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.