Cet article date de plus de six ans.

Le Liberia enquête sur des viols de filles dissimulés par une ONG américaine

Le gouvernement libérien a annoncé, le 16 octobre 2018, qu'il enquêtait sur une ONG américaine accusée de viols en série sur des filles dont elle s’occupait. C’est un site d’investigation américain qui a révélé l’affaire que l’on pensait oubliée.
Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Une jeune Libérienne de 16 ans et sa petite fille dans le bidonville de West Point, dans la banlieue de la capitale Monrovia.   (MARCO LONGARI / AFP)

L’histoire des viols aurait pu être enterrée, comme tant d’autres dans les pays pauvres où la parole des victimes compte peu. Mais cinq ans après les faits, le magazine américain Time fait des révélations sur le scandale des abus sexuels en série à Monrovia, en reprenant l’enquête menée par le site d’investigation ProPublica qui met en cause l’ONG américaine More Than Me.
 
Que s’est-il passé ?
Fondée en 2008 par l’Américaine Katie Meyle, l’association s’est donnée pour mission de sauver les filles des rues, les plus exposées à l’exploitation sexuelle. Son action se concentre principalement dans le bidonville de West Point à Monrovia, la capitale libérienne.

Il y a cinq ans, les filles les plus vulnérables étaient alors repérées par le cofondateur de l’ONG, le Libérien Macintoch Johson, pour être scolarisées. Mais très vite, l’école est devenue un lieu de châtiment, où plusieurs filles ont été abusées sexuellement par celui qui était censé les protéger.
 
Un premier procès pour rien
Le cofondateur de l’association a été dénoncé un an plus tard par certaines de ses victimes. Son procès s’est ouvert en 2015 et dix filles ont eu le courage de témoigner en racontant que les viols leur avaient été infligés alors qu’elles n’avaient que dix ans.

Le témoignage de certaines d'entre elles n’a toutefois pas été pris au sérieux, et le procès a été suspendu. L’agresseur présumé, lui, est mort du sida en 2016. Il aurait contaminé ses victimes.  
 
Une investigation journalistique
Le principal représentant de la fondation More Than Me au Liberia n’enterrera pas avec lui le scandale. L’investigation menée par le journaliste Finlay Young du site ProPublica, qui a vécu et travaillé à Monrovia à la même période, relate en détails toute cette affaire pour «établir la vérite». Il dénonce le silence, voire même les dissimulations, de l’Américaine Katie Meyler et de son ONG.
 
Une nouvelle enquête judiciaire
Le travail de fourmi mené par le site d’investigation a donné des résulats. Pour la première fois depuis des années, l’ONG américaine a reconnu les viols sur les filles dont elle avait la charge. More Than Me a présenté ses excuses et s’est engagée à proposer des tests de dépistage du sida aux filles de l’école.

Le gouvernement libérien a quant à lui ouvert une nouvelle enquête affirmant qu’«il prenait très au sérieux les agressions sexuelles».
 
L’organisation américaine avait levé plus de 8 millions de dollars de fonds dont près de 600.000 provenaient du gouvernement américain. Elle avait créé 19 écoles au Liberia, qui accueillaient quelque 4000 élèves. Le travail caritatif louable manquait de transparence et de contrôle strict.

La justice libérienne devrait en principe se prononcer sur cette affaire qui émeut les Libériens.
 

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