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L'accès à l'eau potable, un droit, mais pas une réalité

Depuis 1993, le 22 mars est déclaré Journée mondiale de l’eau par les Nations unies. Le thème de cette année : "Ne laisser personne de côté". En 2010, l'ONU a proclamé que l’accès de tout un chacun à une eau de qualité était droit fondamental. Une affirmation qui connaît pourtant d’importantes limites, sanitaire et sécuritaire.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Des femmes récupèrent de l'eau dans le camp de Bama au nord du Nigeria, le 8 décembre 2016. (STEFAN HEUNIS / AFP)

Le rapport mondial des Nations unies sur la mise en valeur des ressources en eau, tire le signal d’alarme. Environ la moitié de la population mondiale, soit 3,6 milliards de personnes, vit dans des zones potentiellement pauvres en eau au moins un mois par an. Et malgré ce contexte, la demande annuelle en eau pourrait encore augmenter de 30%. Or actuellement, avec 4600 km³ d’eau utilisés par an, les prélèvements sont, selon l’Unesco, proches du seuil maximal.

Déjà dans le monde, selon l’OMS, deux milliards de personnes boivent régulièrement de l’eau contaminée par des matières fécales. Chaque jour, 700 enfants meurent de diarrhées causées par de l’eau insalubre. En période de sécheresse prolongée, la recherche de l’eau devient vitale et les exigences s’émoussent. En 2017, une épidémie de choléra a frappé l’est de la République démocratique du Congo. Plus de 55 000 personnes ont contracté la maladie qui a fini par s’étendre à la quasi-totalité du pays, touchant 24 des 26 provinces, et tuant près de 1000 personnes.

Inégalité hommes-femmes

Mais les risques ne sont pas seulement sanitaires. La quête quotidienne de l’eau est un exercice de tous les dangers. Ces déplacements sont autant d’occasions de risquer mort ou enlèvement. Or, cette tâche est dévolue aux femmes et aux jeunes filles dans huit ménages sur dix. Ainsi, entre octobre 2004 et février 2005, l'équipe de MSF dans la région soudanaise du Darfour a assistée 500 femmes et jeune filles victimes de violences sexuelles. La plupart d’entre elles ont déclaré avoir été attaquées après avoir quitté leurs villages pour collecter du bois et de l'eau.

Aussi, offrir aux populations l’accès à l’eau est un objectif essentiel pour de nombreuses ONG. Ainsi, Oxfam creuse des puits au nord du Tchad. Ils sont équipés de pompes solaires pour desservir une plus grande communauté qu’avec les traditionnelles pompes manuelles.

Canalisation au Kivu

Dans le Sud-Kivu, l’ONG installe un système d’adduction d’eau de plus de 100 kilomètres de long. Des canalisations apportent par gravitation l’eau de la montagne Mitumba aux populations. Une eau potable qui remplacera avantageusement l’eau des marais consommée jusqu’à présent et totalement contaminée.

Dans cette région du Kivu, les déplacements de population dus aux conflits compliquent l’accès à l’eau, qui plus est de moins en moins potable. "Les familles touchées sont désormais contraintes de boire de l’eau insalubre provenant de sources stagnantes, avec les dangers que cela comporte pour leur santé", explique Oxfam. Selon l’ONG, "ce système d’adduction fournira de l’eau potable à plus de 80 000 personnes".

Dans ce contexte très difficile, "les changements climatiques vont probablement exacerber les crises existantes", estime l’OMS. Or, d’ici à 2025, la moitié de la population mondiale vivra dans des zones de tensions hydriques évalue l’organisation.

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