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Esclavage en Libye: l'immense désarroi des parents des migrants marocains

Des dizaines de familles de migrants marocains disparus ou retenus en Libye ont manifesté devant le ministère des Affaires étrangères à Rabat pour demander aux autorités de rapatrier leurs proches.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Familles de migrants marocains (Jalal Morchidi / ANADOLU AGENCY/AFP)

Leurs enfants, croyant pouvoir rejoindre l’Europe par la Libye, se sont retrouvés pris dans des réseaux de traite humaine. Certains n’ont eu vie sauve que grâce à l’intervention de l’armée libyenne. Depuis, les jeunes migrants clandestins croupissent, dans des conditions extrêmes, dans des centres de détention. Leurs parents essaient depuis plusieurs semaines de mobiliser la diplomatie marocaine pour les faire rapatrier.
 
Beaucoup de manifestants brandissaient, lundi 27 novembre 2017, des portraits de leurs enfants, parfois de très jeunes hommes, partis à la recherche d'une vie meilleure. «Mon fils est parti en Libye après ses études (...) et il est aujourd'hui détenu dans une prison libyenne», a déclaré Fatna Kharbouch, une des mères venues crier leur colère.

 
Selon Tel Quel, à l’origine de la révélation des Marocains réduits en esclavage en Libye, les parents ont dû verser des rançons à des chefs de réseaux de traite d'êtres humains pour libérer leurs enfants. «Un gang nous avait séquestrés et pris contact avec le chef d'un réseau d'immigration clandestine pour nous vendre. La transaction a eu lieu. Notre acquéreur nous a obligés à payer le double de la somme qu'il a déboursée pour nous acheter. L'armée a fini par donner l'assaut contre les maisons que nous habitions à Sabratha (nord-ouest de la Libye, NDLR) et nous avons fini dans un centre de rétention», témoigne l’un des malheureux candidats à l’Eldorado européen.
 

Les familles de ces migrants clandestins, pour la plupart originaires de Khouribga, Beni Mellal et Fqih Bensalah – des villes du centre du pays –, s'efforcent depuis plusieurs semaines de mobiliser l'opinion pour pousser les autorités à intervenir. Le gouvernement marocain a annoncé, la semaine dernière, la création d'un «comité de suivi» pour «piloter le retour des Marocains bloqués en Libye» dans «des conditions qui préservent leur sécurité».
 
Chaos libyen
En plein chaos depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi, la Libye est une plaque tournante du transit de migrants africains cherchant à gagner l'Europe. Le 14 novembre 2017, un documentaire choc de la chaîne de télévision américaine CNN a exposé l'existence de ventes d'esclaves près de Tripoli, indignant le monde entier.
 
Vérifier les identités de ceux qui demandent à rentrer au Maroc, entre 200 et 700 selon les sources, est difficile, a précisé à l'AFP une source gouvernementale. Selon le comité de soutien aux familles, la fermeture de l'ambassade du Maroc à Tripoli début 2015 a également compliqué le dossier.

        
«Le Maroc déporte des milliers d'Africains vers leur pays d'origine et en même temps, nous avons 700 Marocains délaissés dans des centres et des prisons, sans que personne ne leur donne des papiers pour voyager en toute dignité», s'est indigné Azzedine Tabit, un des membres de la Coordination des Marocains résidant en Libye, créée par les familles.
 
En août dernier, une première opération de rapatriement avait permis de ramener 190 Marocains bloqués en Libye.

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