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Des imams d’Algérie et du Maroc en renfort en France pour le mois du ramadan

Quelque 300 imams étrangers, en provenance d’Algérie et du Maroc, sont attendus à la mi-mai en France pour diriger les prières dans des mosquées durant le mois du ramadan. Leur accueil temporaire intervient dans le cadre d’accords bilatéraux.
Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un fidèle musulman faisant sa prière dans la grande mosquée de Paris (LUDOVIC MARIN / AFP)

Le nombre d'imams intervenant dans les 2500 lieux de culte musulmans en France n’est pas connu avec précision puisque la plupart de ces chefs religieux sont bénévoles et itinérants. En revanche, une chose est sûre, les imams sont insuffisants,notamment durant le ramadan, mois béni du jeûne marqué par des veillées de prière jusque tard dans la nuit.

«Des imams du ramadan»
Pour faire face aux attentes des fidèles, des imams étrangers sont accueillis pour la période du ramadan, en provenance d'Algérie et du Maroc, les deux principaux pays d'origine des musulmans de France estimés à 6 millions, selon le centre américain Pew resaerch.

Une sorte de «tradition» qui se perpétue depuis plusieurs années. Leur mission est totalement prise en charge par leurs pays respectifs.
 
Des «imams consulaires»  
Cette assistance en religieux musulmans n’est pas seulement occasionnelle. L’Algérie, la Tunisie et la Turquie dépêchent aussi des imams permanents en France. Il y en a près de 300 sur le sol français dans le cadre d’accords bilatéraux visant à pallier le manque d’imams et à éviter les canaux de radicalisation.

Ces imams «détachés» ou «consulaires» sont sélectionnés et rémunérés par leur pays.

La France n’est pas le seul pays européen à recevoir des imams détachés par des Etats étrangers pour exercer sur son sol, comme le note un rapport du Sénat publié en 2016.
 
Des imams formés au Maroc
La coopération en matière de culte musulman concerne aussi la formation des imams. Une quarantaine d’élèves français (dont une femme) sont depuis 2016 en formation à l’institut Mohammed VI de Rabat qui forme des imams marocains et africains. Mais, comme le souligne une étude du Sénat sur l’islam, cette formation dispensée à l’étranger est «une solution transitoire» puisqu’elle ne permet pas aux futurs imams français de «contextualiser» les textes qu’ils apprennent et interprètent.
 
Texte sans contexte ?
Le rapport du Sénat sur l’islam publié en 2016 insiste sur l’importance de la formation des imams français en France en rappelant que «la formation des imams à l'étranger est toujours le reflet de la société où elle est dispensée». Les imams formés à l’étranger peuvent ainsi «véhiculer des préjugés qui peuvent les mettre en porte-faux dans le contexte français».

Le rapport donne pour exemple des sujets comme la peine de mort, le statut de la femme, les discriminations liées au genre, la shoah (jamais évoquée dans le monde arabe), le génocide arménien (non reconnu en Turquie).

L'étude du Sénat fait remarquer que le culte musulman a émergé en France dans la deuxième moitié du XXe siècle, c’est-à-dire bien après la loi de 1905 (loi de séparation des Eglises et de l’Etat). Il semble de ce fait en déphasage avec la société et «peut être ressenti par certains musulmans comme une véritable discrimination» souligne le rapport sénatorial.

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