Covid-19 : l'Afrique, la seule région du monde où la pandémie progresse
L'Afrique, sous la menace d'une troisième vague imminente, est la seule région du monde où la pandémie progresse alors qu'elle décélère pour la sixième semaine consécutive à l'échelle mondiale.
Plus de cinq millions de personnes ont été infectées par le Covid-19 en Afrique depuis l'apparition du virus en Chine en décembre 2019, selon un comptage réalisé par l'AFP à partir des bilans fournis par les autorités, samedi 12 juin à 10h GMT. L'Afrique est toutefois, après l'Océanie, le continent le moins touché par la pandémie de nouveau coronavirus, en nombre de cas comme en nombre de décès. Au total, 5 008 656 cas ont été officiellement recensés dans les 54 pays et territoires de la région, dont près de 109 800 ces sept derniers jours, soit 15 680 en moyenne par jour. Ce nombre de cas diagnostiqués ne reflète toutefois qu'une fraction du nombre réel de contaminations, les politiques de tests et les capacités de dépistage différant d'un pays à l'autre.
Troisième vague imminente
L'Afrique, qui se trouve sous la menace d'une troisième vague imminente, est la seule région du monde où la pandémie a progressé (+30%) la semaine passée, alors qu'elle décélère pour la sixième semaine consécutive à l'échelle mondiale (-14%). Près de sept des nouveaux cas sur dix ont été enregistrés dans cinq pays de la région : en Egypte, en Afrique du Sud – "techniquement" entrée dans une troisième vague selon l'Institut national des maladies transmissibles (NICD) –, en Tunisie, en Ouganda et en Zambie. Cette dernière est le pays où l'épidémie accélère le plus (+147%, 1 200 nouveaux cas par jour) actuellement dans le monde, parmi les pays ayant enregistré au moins 1 000 contaminations quotidiennes au cours de la semaine écoulée. Elle est suivie, à l'échelle du continent, par l'Afrique du Sud (+37%, 5 960 nouveaux cas par jour), pays d'Afrique le plus touché en nombre total de contaminations détectées (1 722 086 cas).
Le cas sud-africain
L'Afrique du Sud, entrée cette semaine dans une troisième vague de la pandémie de Covid-19 et à la traîne dans la vaccination, a annoncé le 12 juin devoir mettre en attente deux millions de vaccins de l'américain Johnson & Johnson (J&J), suspectés d'avoir été contaminés. Les autorités américaines ont annoncé la veille que "plusieurs lots" du vaccin, soit plusieurs millions de doses, fabriqués dans une usine de Baltimore aux Etats-Unis et dont la production avait dû être stoppée il y a plusieurs semaines, devront être jetés. En mars, des tests dans l'usine américaine avaient révélé que des produits entrant dans la composition du vaccin d'AstraZeneca, fabriqué au même endroit, avaient été mélangés par erreur aux vaccins de J&J, provoquant la contamination de millions de doses rendues inutilisables. "Nous ne pouvons pas nier que c'est un pas en arrière dans notre programme de vaccination", a convenu Mmamoloko Kubayi-Ngubane, le ministre sud-africain de la Santé.
Près de 90 % des pays africains ne devraient pas pouvoir atteindre les nouveaux objectifs mondiaux de 10 % de la population vaccinée contre la #COVID19 d'ici septembre.
— OMS Afrique (@OMS_Afrique) June 10, 2021
Le continent a besoin de 225 millions de doses de vaccins anti-COVID-19 en urgence.https://t.co/rJzASrZDwM
"Question de vie ou de mort"
La progression de la pandémie sur le continent peut notamment s'expliquer par le difficile déploiement de la vaccination en Afrique : seulement 2,87 doses pour 100 habitants y ont été administrées, le taux le moins élevé, alors que ce chiffre atteint 29,56 doses pour 100 habitants à l'échelle mondiale, selon un comptage réalisé par l'AFP à partir de sources officielles. La semaine passée, l'OMS a une nouvelle fois exhorté les pays les plus riches à partager les vaccins, une question "de vie ou de mort", selon Matshidiso Moeti, directrice de l'OMS pour l'Afrique. Les pays du G7 vont s'engager à distribuer aux pays pauvres un milliard de doses de vaccins anti-Covid dans le cadre du dispositif Covax.
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