Covid-19 en Ouganda : sans matériel de protection, le personnel soignant rechigne à venir en aide aux malades
Infirmiers, infirmières et médecins ougandais se sentent mal protégés face à la pandémie, redoutant une infection importante parmi les soignants.
A l'instar des médecins généralistes français, les travailleurs médicaux ougandais sont inquiets et le font savoir. En première ligne dans la lutte contre le Covid-19 venu de Chine, ils protestent contre le manque de fournitures adéquates et d'équipements de protection individuelle (EPI). Le risque accru d'infection au nouveau coronavirus rend même certains réticents à traiter les patients.
Ces griefs font suite aux révélations parues le 2 juin 2020 sur le site de The Independent Uganda, selon lesquelles sept agents de santé, dont deux médecins et deux infirmières, ont contracté le virus. Le 5 juin, la nation est-africaine comptait 522 cas de Covid-19, nombre en progression constante, sans décès à déplorer à cette date.
"La situation est critique, de nombreuses personnes travaillent sans EPI", déclare à Reuters le Dr Mukuzi Muhereza, secrétaire général de l'organisme des agents de santé du pays, l'Association médicale de l'Ouganda. Il ajoute que les fournitures d'EPI, tels que gants, masques faciaux, écrans faciaux, tabliers et autres, sont insuffisantes dans la plupart des hôpitaux.
L'OMS ne cache pas son inquiétude, le ministère de la Santé reste muet
Pour être sûr de bien se faire comprendre, le médecin se met en situation : "Cela entrave la lutte contre le Covid-19, car les agents de santé craignent que chaque fois que je touche un patient, je puisse devenir moi-même un patient Covid." De toute évidence, le temps presse, mais les appels adressés au porte-parole du ministère de la Santé Emmanuel Ainebyoona sont restés pour l'instant sans réponse.
Le dysfonctionnement du système de santé ougandais, comme dans d'autres pays africains, suscite l'inquiétude de l'Organisation mondiale de la Santé. Pour l'OMS, une augmentation rapide du nombre de cas dans le pays pourrait réduire à néant les efforts imposés à la population.
Mi-mars, le gouvernement du président Yoweri Museveni a mis en œuvre l'une des interdictions les plus strictes d'Afrique afin de ralentir la propagation de l'épidémie, avec la fermeture des frontières, des écoles et celle de beaucoup d'entreprises, ainsi que l'interdiction de circulation des transports publics.
Le confinement a depuis été assoupli, mais les frontières sont toujours infranchissables et les établissements scolaires fermés pendant encore un mois, le temps d'évaluer les risques liés à leur réouverture.
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