Coronavirus : un seul respirateur et une vingtaine de lits de confinement pour tout le Mali
Le pays, pauvre et en guerre, se prépare au pire.
"On se prépare à tous les cas de figure possibles." Le directeur du plus grand hôpital du Mali se veut pragmatique : si aucun cas n'a encore été déclaré dans le pays, les autorités essaient tant bien que mal d'anticiper le pire des scénarios.
A Bamako, dès que l'épidémie a commencé à se propager hors de Chine, le Dr Ilo Bella Diall a fait rénover un bâtiment désaffecté de l'hôpital qu'il dirige au Point-G, un quartier de la capitale, transformé en centre de confinement avec sept lits.
Un de ceux-là est équipé d'un respirateur, le seul du Mali. Au total, une vingtaine de lits confinés sont disponibles au Mali, dont des régions entières sont inaccessibles aux services de l'Etat en raison des violences jihadistes et des conflits intercommunautaires qui ensanglantent ce vaste pays sahélien depuis 2012.
Sous-équipement
Selon le ministère de la Santé, le Mali ne dispose que de 600 litres de gel hydro-alcoolique, malgré "un besoin de 500 000 litres", de 59 "thermoflash" pour prendre la température, alors qu'il en faudrait 20 000, de 2 000 kits de tests et de zéro caméra thermique adaptée.
Nous sommes en train de nous préparer au pire. Les moyens que nous avons ne nous permettent pas d'être derrière chaque Malienne et chaque Malien
Boubou Cissé, Premier ministreà l'AFP
Ni quarantaine, ni confinement
Cette guerre est d'abord celle de la sensibilisation. "Il faut communiquer pour que les Maliens prennent conscience de l'ampleur de la pandémie", dit Seydou Doumbia, doyen de la Faculté de médecine de Bamako, où 143 tests du virus – tous négatifs – ont été effectués.
Car la peur du coronavirus ne s'est pas encore emparée de Bamako : les verres de thé continuent d'être partagés, les mains de se serrer. Dans les bus et taxis collectifs, les clients se pressent toujours les uns contre les autres. Il faut entrer dans les hautes sphères du pouvoir pour se saluer du coude.
4. l’interdiction jusqu’à nouvel ordre, des regroupements à caractère social, sportif, culturel et politique de plus de cinquante (50) personnes, sous réserve du respect des gestes-barrières. Il s’agit des mariages, des baptêmes, des funérailles ; 4/8
— Presidence Mali (@PresidenceMali) March 17, 2020
L'option du confinement est jusqu'ici écartée dans un pays dont l'économie dépend très largement du secteur informel, la majorité de la population gagnant un maigre pécule au jour le jour.
#COVID19 : le gouvernement du #Mali menace d’employer la force pour faire observer les restrictions
— Le Jalon (@LejalonPointCom) March 22, 2020
Le ministre de la @SecuriteML était sur plateau du 20h ce soir. pic.twitter.com/3qymFcYe8r
On n'a pas opté pour la quarantaine car on n'a pas les moyens de le faire
membre du ministère de la Santéà l'AFP
Elections maintenues
Les législatives au Mali sont "à ce jour" maintenues fin mars et en avril malgré la pandémie du coronavirus, a indiqué jeudi 19 mars le Premier ministre Boubou Cissé. "Pour des questions de survie de la nation et de continuité de l'Etat, à ce jour nous avons décidé de maintenir la tenue des élections législatives", a-t-il déclaré en conférence de presse.
Le premier tour des législatives est prévu le 29 mars et le second le 19 avril. Ces élections ont été repoussées à différentes reprises, en raison notamment de la profonde crise sécuritaire que traverse le Mali depuis 2012. Elles sont considérées comme une part importante de l'effort politique devant accompagner l'action militaire face à la dégradation sécuritaire et aux attaques jihadistes. Elles auront lieu "qu'il y ait ou qu'il n'y ait pas de cas" de coronavirus, a dit Boubou Cissé.
Le Mali, 184e sur 189 sur l'indice de développement humain de l'ONU, a sollicité ses partenaires financiers et "30 à 35" millions de dollars seront donnés ou prêtés à Bamako pour lutter contre le coronavirus dans "les jours et les semaines à venir", selon le chef du gouvernement.
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