Cet article date de plus de sept ans.
Cameroun: un réfugié centrafricain découvre l’école à… 30 ans
Pour fuir la violence qui a frappé la Centrafrique en 2013, un éleveur peul s’est installé avec sa famille au Cameroun voisin qui accueille plus de 260.000 réfugiés centrafricains. Quatre ans après son arrivée dans le pays, il décide de changer de vie et commence par s’inscrire à l’école pour apprendre à lire et à écrire.
Publié
Temps de lecture : 3min
Adamou Youssoufa, un éleveur peul (une communauté présente dans une vingtaine de pays africains) n’avait jamais mis les pieds dans une école. A 30 ans, il était analphabète et pour lui c’était comme une fatalité. En Centrafrique, plus de 40% de ses compatriotes ne savent ni lire ni écrire. Mais l’école publique du village où il vit dans l’est du Cameroun accueille les réfugiés centrafricains aux côtés des élèves camerounais. Adamou tente sa chance et s’y inscrit. Il est accepté et fait partie depuis début septembre des nouveaux élèves.
« Apprendre à parler et écrire le français »
A l’école d’Abo Boutilla, Adamou Youssoufa, 30 ans, est au cours préparatoire (CP) aux côtés d’autres écoliers camerounais et centrafricains âgés de 6 ans. Il est le plus âgé de sa classe et de toute l’école. Mais ça ne lui pose aucun problème. «Je vais à l’école pour apprendre à parler et écrire le français», explique-t-il sommairement à l’agence Xinhua dans sa langue maternelle peule. Le père de famille raconte qu’il voudrait arrêter l’élevage et tenter de trouver une autre activité.
Une école connectée
Ce qui rend plus simple la scolarisation tardive de ce trentenaire est sans doute le fait qu’il soit dans une école connectée. L’établissement d’Abo Boutilla utilise des tablettes et peut faire travailler les élèves dans le cadre du programme Connect my school mis en place par l’Unicef et qui permet d’avoir une connection internet par satellite. «Avec ces tablettes, les élèves sont plus assidus, concentrés, et assimilent davantage les leçons , affirme à Cameroon-Tribune Aline Zanga, une enseignante de l’école qui réclame plus de moyens.
Une mixité qui marche
La petite école d’Abo Boutilla ne dispose que de trois classes pour 371 élèves dont un tiers de réfugiés centrafricains. «L’encadrement de ces élèves réfugiés n’est pas une tâchée aisée. Ça demande beaucoup d’efforts, car la compréhension n’est pas facile. Mais la cohabitation avec les autres enfants est bonne», explique la directrice Sylvie Hortense Ndoumé.
Une «cohabitation» qui marche aussi entre élèves de tous âges. Le cas de l’éleveur Adamou Youssoufa n’est pas un cas isolé dans cette école qui a accueille aussi un élève de 25 ans.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.