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Africapolis, un site de l'OCDE sur l’évolution des villes africaines

Africapolis est une base de données qui couvre 7500 villes du continent. Elle cartographie sa dynamique d’urbanisation. Lancée le 22 novembre 2018 dans le cadre du sommet Africités, cette base est accessible en ligne aux experts comme aux étudiants. On y apprend que 11 agglomérations africaines dépassent les 5 millions d’habitants, mais que 97% d'entre elles en comptent moins de 300.000.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Image satellite des liaisons aériennes en Afrique (Africapolis)

Sur Africapolis, on peut voir l’étendue des villes, leur densité, suivre l’expansion des zones bâties, l’émergence des petites villes et des villes moyennes. Il s'agit de la première base de données, accessible à tous, qui rend compte des dynamiques d'urbanisation en Afrique.

Un regard renouvelé sur l'Afrique
Le site est basé sur le croisement de sources démographiques et cartographiques, mais aussi d’images satellitaires et aériennes. Il permet de fournir des estimations de population, de géolocalisation et de suivre l’extension urbaine.
 
«Africapolis comble une lacune majeure en intégrant 7200 villes entre 10.000 et 300.000 habitants, lesquelles hier étaient hors des radars. Cela oblige à regarder différemment les villes africaines et le nombre d’urbains», affirme à Géopolis Afrique Laurent Bossard, président du Club du Sahel de l’OCDE, opérateur de cette base de données.
 
Cartographier le tissu urbain
Cette base permet surtout des données comparables entre  pays et dans le temps, «alors que les statistiques africaines dans le domaine sont rares, peu fiables et non homogènes», selon Philipe Heinrigs, économiste de l’OCDE.  
 
Africapolis est une source de connaissances. On y apprend que l’Afrique compte 6000 villes de moins de 100.000 habitants dont 2000 nouvelles en 15 ans. Que 11 villes africaines dépassent les 5 millions d’habitants, dont Onitsha au Nigeria (8,5 millions d’habitants). Les villes les plus denses sont Dakar et Kinshasa.

Carte des villes de plus de 100.000 habitants en Afrique (2018) (Africapolis)
 
On peut également y voir que l'urbanisation grignote les terres agricoles, que des villages sont devenus en 50 ans des agglomérations. Plus étonnant, que le Nord-Mali (Tombouctou, Gao, Kidal) est plus urbanisé que le sud du pays, et que Maputo, capitale du Mozambique, est plus proche des 3 millions d’habitants que des 2 millions annoncés par les chiffres officiels.

A contrario, le Nigeria semble avoir tendance à gonfler fortement les chiffres de sa population urbaine, «pour des raisons politiques et de répartition de la manne pétrolière», affirme Laurent Bossard.
 
Pauvreté de la statistique africaine
Africapolis.org est donc un formidable outil pour les étudiants, les chercheurs et les personnes en charge de l’aménagement du territoire.

«Comprendre l’urbanisation, ses moteurs, ses dynamiques et ses impacts est essentiel pour concevoir des politiques de logement ou de transport performantes», précise à Géopolis Philipe Heinrings. Appréhender ces mutations urbaines est essentiel pour mieux comprendre et mieux gérer l’avenir des villes africaines.

Un outil précieux présenté devant les élus locaux d’Afrique réunis au sommet Africités «alors que l’urbanisation est la manifestation la plus spectaculaire des dynamiques de peuplement en cours en Afrique», indique Laurent Bossard pour qui «les bonnes données font les bonnes décisions».

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