Terrorisme : le Sénégal lance un sévère avertissement aux imams radicaux
Il fait partie d’un groupe de plusieurs imams arrêtés en octobre 2015 pour affinités avérées avec al-Qaïda au Maghreb islamique et l’Etat islamique.
Jeune professeur d’histoire-géographie dans un lycée de Kolda, il avait défrayé la chronique en septembre 2015, en affirmant que les militaires du contingent sénégalais de la force de l’ONU envoyés au Mali étaient des mécréants.
«Un militaire qui va combattre en terre musulmane est un mécréant et celui qui combat sous un autre étendard que l’islam ira en enfer», avait-t-il déclaré au juge qui l’interrogeait sur son sermon.
«Entre Ben Laden et George Bush, je préfère Ben Laden», avait-il affirmé, en référence au fondateur du mouvement al-Qaïda, responsable des attentats du 11-Septembre 2001 et à l’ex-président américain. Il affirme agir «au nom de l’Islam et contre l’impérialisme américain».
Non au terrorisme religieux
Epargné par les attentats djihadistes qui ont frappé d’autres pays d’Afrique de l’Ouest en 2016, les autorités sénégalaises ont lancé une vaste campagne contre les imams radicaux.
Dès octobre 2015, une opération de nettoyage s’engage avec l’interpellation de l’imam Ibrahim Seye, suivie de l’arrestation d’une trentaine d’Imams et de prêcheurs à Kaolack et à Rufisque. Des documents et de grosses sommes d’argent sont saisis par la police. Il s’avère que certains imams ont des connexions avec des djihadistes de Boko Haram au Nigeria.
Au total, une vingtaine d’imams radicaux, supposés appartenir à des réseaux terroristes, seraient sous les verrous en attendant leurs procès.
Sous la hantise des attaques terroristes
Les Sénégalais l’ont bien compris. Leur pays n’est pas à l’abri d’un attentat depuis que d’autres pays de la sous-région, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire notamment, ont été visés par les terroristes. Aussi, ils apprécient la fermeté affichée par les autorités contre le terrorisme religieux.
Après l’interdiction par le gouvernement du voile intégral, certains suggèrent aux autorités d’aller plus loin en demandant aux chefs religieux de mettre un terme à la mendicité des enfants talibés qu’ils envoient dans la rue. Des enfants défavorisés et sans protection parentale qui constituent «une véritable menace pour la sécurité». Ils sont plus de 50.000 à mendier, rien que dans la région de Dakar.
«En situation de crise, les enfants sont les plus vulnérables, analyse Mouhamadou Kane, universitaire sénégalais. Pour lui, ils sont les plus vulnérables en situation de crise.
«Ils sont souvent instrumentalisés. Comme au Nigeria où les filles sont utilisées par Boko Haram pour mener des attaques à la bombe avec leurs ceintures d’explosifs, les djihadistes pourraient facilement instrumentaliser ces pauvres enfants pour mener des attentats à Dakar ou dans toute la région du Sénégal.»
La mendicité de ces enfants a été interdite à plusieurs reprises, mais après chaque pression de chefs religieux, «le gouvernement fait marche arrière, de peur d’être sanctionné pendant les élections», déplore Mouhamadou Kane. Pour lui, les questions politiques devraient être reléguées au second plan, lorsque la sécurité nationale est menacée.
Les chefs religieux radicaux ne sont pas la seule préoccupation des autorités sénégalaises. Le processus d’endoctrinement de jeunes Sénégalais semble avoir commencé depuis longtemps. Depuis 2015, plusieurs djihadistes sénégalais sont allé grossir les rangs de l’Etat islamique en Libye. Ils n’hésitent pas à s’afficher sur les réseaux sociaux, les armes à la main, pour appeler à la guerre sainte contre leur propre pays.
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