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Sénégal : lancement du chantier de la première usine de dessalement d'eau du pays

Avec une ressource en eau douce insuffisante et une population en forte croissance, la métropole dakaroise se tourne vers le dessalement de l'eau de mer.

Article rédigé par franceinfo Afrique
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Station de traitement des eaux de Keur Momar Sarr 3, le 15 mars 2022. Le lac Guiers situé à 250 kilomètres de Dakar constitue la principale source d'eau douce de la capitale sénégalaise. (SEYLLOU / AFP)

Le président sénégalais Macky Sall a lancé le 31 mai 2022 à Dakar les travaux de la première usine de dessalement d'eau de mer du Sénégal. Cette usine, située sur la côte en pleine ville, doit améliorer l'approvisionnement en eau potable de la capitale confrontée à des pénuries d'eau potable. Un projet qui inquiète les pêcheurs et les défenseurs de l'environnement.

Avec une capacité prévue de 100 000 m³/jour, l'usine ne va pas résoudre à elle seule les problèmes d'eau de la métropole, mais aidera à réduire les coupures qui touchent plusieurs quartiers et empoisonnent la vie des Dakarois. Sa mise en service et le renouvellement en parallèle de 316 kilomètres d'un réseau de distribution en grande partie vétuste "impacteront positivement 16 communes, soit plus d'un million de personnes dans les zones situées en hauteur ou en bout de réseau", a déclaré Macky Sall.

Les eaux de surface insuffisantes

Cette nouvelle source d'approvisionnement rassure la capitale sénégalaise en grande partie tributaire du lac de Guiers, situé à plus de 250 kilomètres de Dakar.

La capitale, à la croissance démographique importante, concentre sur 0,3% du territoire le cinquième des 17 millions de Sénégalais et une grande partie des activités économiques du pays. Les autorités prévoient une augmentation des besoins en eau à Dakar et dans les "pôles émergents", comme la nouvelle ville de Diamniadio, à une trentaine de kilomètres de la capitale, celle de Thiès à 70 km, et la Petite Côte, une zone touristique.

Les travaux de cette usine, qui doivent durer 30 mois, vont coûter 137 milliards de FCFA (210 millions d'euros), financés en partie par un prêt du Japon.

Les pêcheurs inquiets

Ces usines de dessalement, déjà très présentes en Afrique du Nord, devraient se multiplier en Afrique subsaharienne pour alimenter une population en forte croissance. Ces usines sont également décriées, car elles consomment beaucoup d’énergie (pas nécessairement verte) et rejettent dans la mer une grande quantité de sel. On soupçonne que cet excès de salinité modifie l'écosystème sous-marin. "Les rejets de l'usine vont chasser les poissons", confie Oumar Diagne à l'AFP. Ce pêcheur craint que l'usine nuise à son activité qui fait vivre des centaines de familles.

Le mouvement citoyen Y en marre a dénoncé un projet qui va, selon un de ses responsables, causer des dégâts à l'environnement. "Cette usine va contaminer la faune aquatique. Elle est construite sur une des rares plages qui restent à Dakar dont le littoral est privatisé." 

"Toutes les études nécessaires ont été menées pour préserver l'écosystème marin, la plage et les sites traditionnels", a assuré le gouvernement sénégalais dans un communiqué. 

L'eau potable est vitale. Après avoir mobilisé les eaux de surface, les eaux de pluie et les eaux souterraines, il ne reste plus que l'eau de mer... 

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