Présidentielle au Sénégal : quinze candidats accusent le président Macky Sall de traîner sciemment pour annoncer une nouvelle date de scrutin

Le chef de l'Etat s'était engagé à faire des annonces, après une décision du Conseil constitutionnel le désavouant. Mais le temps passe et l'opposition s'impatiente.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des manifestants réclament dans les rues de Dakar (Sénégal), le 17 février 2024, le maintien de l'élection présidentielle. (CEM OZDEL / ANADOLU VIA AFP)

"Tout fonctionne au rythme de la mauvaise volonté du président Macky Sall." Quinze candidats à la présidentielle au Sénégal réclament une nouvelle date pour le scrutin, dans un communiqué publié mardi 20 février. Au début du mois, le chef de l'Etat avait d'abord annoncé un report de l'élection, ce qui a été interprété par l'opposition comme un "coup d'Etat constitutionnel".

Le Conseil constitutionnel a finalement opposé son veto la semaine dernière à cet ajournement, désavouant ainsi Macky Sall. Ce dernier s'est ensuite engagé à organiser le scrutin "dans les meilleurs délais", mais l'impatience gagne les rangs de l'opposition. Celle-ci annonce de futures actions, sans en dire davantage, afin qu'une nouvelle date soit annoncée.

"Une lenteur inexplicable est constatée. Rien n'a été entrepris" malgré les développements de la semaine passée, dénoncent les quinze candidats dans leur communiqué commun. Parmi les cosignataires, figurent l'ancien maire de Dakar Khalifa Sall, et deux représentants des candidats emprisonnés Bassirou Diomaye Diakhar Faye et Ousmane Sonko. Rien n'a filtré publiquement des discussions que mènerait le président Sall. Les quinze candidats disent que le processus électoral aurait dû reprendre et accusent le président de ne pas assumer sa mission.

"Tout porte à croire que Macky Sall n'arrive pas à digérer la mise en échec par le Conseil constitutionnel et le peuple de sa tentative de saboter l'élection présidentielle."

communiqué des quinze candidats d'opposition sénégalais

Le collectif citoyen Aar Sunu Election ("Protégeons notre élection"), pour sa part, a annoncé un nouveau rassemblement samedi. Le collectif réclame la tenue du scrutin avant le 2 avril, date de fin officielle du mandat du président Sall. Selon ses projections, l'élection, initialement prévue le 25 février, doit avoir lieu le 3 mars au plus tard. Aar Sunu Election a demandé aux participants de venir symboliquement avec leur carte d'électeur, mais aussi des denrées ou des boissons pour ce qui se veut le "pot de départ" du président Sall. Il appelle aussi les Sénégalais à se rendre symboliquement dimanche dans les bureaux de vote.

Des partenaires internationaux du Sénégal ont exprimé leur inquiétude face à cette situation. L'engagement du président Sall à faire appliquer "entièrement" la décision du Conseil constitutionnel, ainsi que différents gestes comme la libération provisoire de centaines de détenus ont créé un apaisement fragile. Mais le pays reste en proie à une vive querelle sur la tenue de la présidentielle avant ou après le 2 avril, et sur une reprise à zéro, ou non, du processus d'homologation des candidatures.

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