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Génocide rwandais : un deuxième procès pour apaiser les tensions

Deux ans après un premier procès en France pour les massacres de 1994 au Rwanda, un deuxième acte s'est ouvert le 10 mai 2016 à Paris. Pendant huit semaines, deux anciens bourgmestres comparaissent devant les assises pour leur participation présumée au génocide. Pour le Rwanda, la justice française va trop lentement.
Article rédigé par Laura Martin
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Un croquis de Tito Barahira (à gauche) et Octavien Ngenzi (à droite), deux anciens maires Rwandais, lors de leur procès le 10 mai 2015 à Paris. (BENOIT PEYRUCQ / AFP)

En avril 1994, des centaines de Tutsi sont tués dans l'église de Kabarondo, commune de l'est du Rwanda. Une tuerie similaire à des milliers d'autres qu'a connues le Rwanda entre avril et juillet 1994 pendant le génocide.

Tito Barahira et Octavien Ngenzi, bourgmestres de Kabarondo respectivement en 1977-1986 et 1986-1994, nient toute participation au massacre. Les deux hommes seront jugés pendant huit semaines.

France-Rwanda, des relations tendues
Ce procès intervient dans un contexte de tensions entre la France le Rwanda. Depuis 20 ans, l'attitude de la France, qui avait soutenu jusqu'au bout le pouvoir hutu responsable du génocide, est l'objet de vives controverses.

La dispute a atteint son paroxysme il y a deux ans. Lors des commémorations du génocide en avril 2014, l'actuel président du Rwanda, Paul Kagame, avait accusé la France d'avoir joué «un rôle direct dans la préparation des génocides». Selon lui, les soldats français de l'opération militaro-humanitaire Turquoise ont été complices des génocidaires hutus.
Paul Kagame, le président rwandais, prononce un discours au stade Amahoro de Kigali lors des commémorations du génocide en avril 2014. (SIMON MAINA / AFP)

Il y a un mois, Paul Kagame récidive. Il a déclaré dans l'hebdomadaire Jeune Afrique que la réconciliation n'était «probablement» pas pour demain. Il dénonce notamment les lenteurs de la justice française.

Il est vrai que le procès qui s'est ouvert le 10 mai n'est que le deuxième en 22 ans. Le dernier s'est déroulé en mars 2014. L'ex-capitaine de la garde présidentielle Pascal Simbikangwa avait été condamné à 25 ans de prison, dont il a fait appel. 

Kigali n'a pas apprécié non plus le non-lieu rendu fin 2015 pour le prêtre rwandais réfugié en France Wenceslas Munyeshyaka.

Ce second procès pourrait permettre de réconcilier les deux pays avec le jugement de deux Rwandais qui ne faisaient pas partie des hauts cercles du pouvoir. Condamnés en leur absence à la prison à vie par des tribunaux populaires rwandais en 2009, ils encourent la même peine en France.

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