RDC : le président Kabila à la manœuvre pour repousser l'élection présidentielle
En Afrique, les élections qui se déroulent en temps et en heure se comptent sur les doigts d'une ou deux mains. En République démocratique du Congo, la Commission électorale a bien lancé en juillet 2016 les opérations d’enregistrement des électeurs, mais selon son président Corneille Nanga, elles se dérouleront sur onze mois. Un délai qui rend impossible la tenue du scrutin initialement prévu pour le 19 semptembre 2016.
«je ne connais pas de pays où on peut aller aux élections sans avoir au préalable dénombré la population», affirmait déjà en 2015 le ministre de la Communication, Lambert Mende. La question est de savoir pourquoi on a pas commencé ce recensement plus tôt.
Au pouvoir depuis 2001, le président Kabila, qui a succedé à son père Laurent Désiré Kabila assassiné, termine son deuxième mandat le 20 décembre 2016, mais la Cour constitutionnelle vient de l'autoriser à rester au pouvoir si aucun scrutin n’est organisé à cette date.
L'UE et l'UA inquiètes
Face à la menace d’une nouvelle crise politique, l’Union européenne a exhorté les autorités et l’opposition à un «dialogue national», «en vue d’élections apaisées».
Sentant le danger, l’Union africaine a désigné un médiateur en la personne de l’ancien secrétaire de l’OUA Edem Kodjo.
Une personnalité immédiatement rejetée par l’opposition emmenée par Etienne Tshisekedi. L'opposant historique considère «comme un piège ce dialogue national ». Son parti, Le Rassemblement, accuse M. Kodjo de faire le jeu du président Kabila à qui la constitution interdisait de se maintenir au pouvoir au-delà de la fin de son mandat.
Lors d’un meeting organisé le 31 juillet à Kinhsasa, Etienne Tshisekedi a donné trois mois de préavis à Joseph Kabila. «Comme prévu par la Constitution, les élections doivent avoir lieu en 2016. Le 19 décembre 2016, le préavis sera terminé, le 20 la maison doit être libre».
Harcèlement judiciaire
Autre manœuvre, le harcèlement judiciaire du candidat de l'opposition Moïse Katumbi afin de le rendre inéligible. A peine l’ancien gouverneur du Katanga venait-il de déclarer sa candidature, qu’il recevait le 5 mai 2016 une convocation au tribunal pour une affaire de «recrutements de mercenaires». Ayant été victime d’un empoisonnement et d’accidents suspects, l’ancien gouverneur avait en effet recruté des hommes pour assurer sa sécurité.
L’affaire est cousue de fil blanc mais toujours efficace. Moïse Katumbi a également été condamné fin juin à 36 mois de prison pour une affaire foncière vielle de 40 ans, ce qui pourrait le mettre enfin hors jeu. Ses avocats ont fait appel.
Le 9 mai l’ONG Human Rigths Watch dénonçait les «manœuvres d’intimidation à l’encontre de moïse Katumbi et l’arrestation de 27 de ses proches».
RDC : un scandale géologique
Premier producteur de métaux rares, comme le Coltan, le pays est l’objet de toutes les convoitises. Le sud du pays (Kivu) est pillé depuis des années par des milices financées par les pays de la région (Rwanda, Ouganda etc..). Le président Joseph Kabila reste sous la surveillance des puissances régionales. La Chine, l’Europe et les Etats Unis s’intéressent également de près, aux destinées de cet immense pays qualifié, de «scandale géologique» en raison des richesses de son sous-sol .A l'évidence, trop d'intérêts sont en jeu, pour que l'élection présidentielle puisse se dérouler sereinement.
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