Cet article date de plus de douze ans.

RDC, le Nord-Kivu en rose Congo

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié Mis à jour
Goma, la capitale régionale du Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo, et les rebelles du M23 sont de nouveau sous le feu de l’actualité.

Le photographe de renommée internationale Richard Mosse, qui se rend régulièrement en RDC depuis 2010, a réalisé de nombreux clichés des groupes armés qui sillonnent cette région. Jusqu’au 14 décembre, le Centre culturel irlandais à Paris présente son travail intitulé « Infra ».
 
Sept photos illustrent ce diaporama.

Aller plus loin.

Le photographe utilise une pellicule à sensibilité infrarouge, la Kodak Aérochrome, développée par l’armée américaine en 1942 pour des reconnaissances aériennes et la détection des camouflages ennemis dans les forêts. (Richard Mosse)
Les couleurs réelles du paysage sont alors transformées en des teintes acidulées, allant du rose bonbon au rouge sang, en passant par la lavande, le pourpre ou le fuchsia. (Richard Mosse)
La vision du spectateur est alors déformée, comme s’il était atteint de daltonisme ou comme s’il se trouvait sous l’emprise d’une drogue psychédélique.

Ce procédé fut d’ailleurs utilisé dans les années 60 pour la réalisation de pochettes de disques de Jimi Hendrix ou du Grateful Dead. (Richard Mosse)
Quel meilleur moyen pour traduire plus fortement l’atrocité d’une guerre, la folie des hommes, et nous rappeler dans le même temps que cette terre pourrait être un paradis, que le rendu kitsch de ces clichés ? 

La réalité n’en devient qu’un interminable cauchemar. (Richard Mosse)
Est ce de l’art ou du photojournalisme ? Si certains pensent «ni l’un ni l’autre» et d’autres «les deux», personne ne reste indifférent à ces photos qui prennent au final un véritable sens iconique.

Repoussant les frontières entre fiction et réalité, ces travaux réalisés sans aucun trucage n’en restent pas moins, au final, de véritables clichés de reportages. (Richard Mosse)
Le jeune photographe irlandais d’une trentaine d’années travaille pour de nombreux magazines et ses travaux sont exposés dans les plus grands musées du monde.

Mais cela n’a pas empêché certaines critiques de l’accuser de provocation facile pour parler des conflits récurrents qui agitent la RDC, avec leur lot de pillages, de meurtres, de femmes violées, d’enfants soldats martyrisés et de massacres inter-ethniques. (Richard Mosse)
Richard Mosse explique ce parti-pris radical : «En subvertissant les codes du photojournalisme, je cherche à repousser les limites de la beauté. C'est une autre façon de représenter le conflit. Je recherche la tension entre art, fiction et journalisme.» (Richard Mosse)

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