Qui est le nouveau président malgache ?
Le nouvel homme fort de Madagascar a promis de rédiger une nouvelle constitution pour aboutir à la "IVe République" et d'organiser des élections d'ici deux ans. Aux termes de la constitution malgache, c'est le président de la chambre haute du parlement qui aurait dû assumer la transition après la démission du chef de l'Etat et organiser des élections dans les deux mois. Mais les circonstances font de Rajoelina le président de facto de la Grande Ile - normalement le chef de l'Etat doit avoir au moins 40 ans, Rajoelina en a seulement 34.
Il y a un peu plus d'un an, Andry Rajoelina était pourtant encore totalement inconnu sur la scène politique malgache. Avec son visage poupin, il s'était présenté en tant que "candidat indépendant" aux élections municipales du 12 décembre 2007 à Antananarivo. Jusqu'alors, le jeune Andry était plus connu pour avoir été quelques années auparavant l'un des disc-jockeys en vue de la capitale. Mais à la surprise générale, le jeune entrepreneur issu des métiers de la communication et à la tête de deux sociétés (Injet et Domapub) spécialisées dans l'affichage publicitaire, avait remporté l'élection dès le premier tour, avec 63,27% des voix, loin devant le candidat du parti présidentiel.
Andry Rajoelina, qui a fait une partie de ses études en France, compense son manque d'expérience politique par un sens aigu de la communication. Quelques mois avant l'élection municipale, il crée la radio-télévision Viva, qui lui servira de relais médiatique lors de la campagne. De même, il rebondit sur sa popularité et son surnom pour créer le mouvement TGV (Tanora Gasy Vonona) qui signifie "jeune malgache en mouvement".
Marc Ravalomanana sait mieux que quiconque le tremplin que représente la mairie d'Antananarivo dans la vie politique malgache: lui-même avait occupé ce poste en 1999 avant de faire plier l'ex-président Didier Ratsiraka lors de la présidentielle de décembre 2001 et de la crise post-électorale. De même, les deux hommes partagent de nombreux points communs susceptibles d'inquiéter le président.
Ils sont tous deux issus de l'ethnie Merina des hauts-plateaux, d'où vient en partie l'élite intellectuelle et économique du pays. Ils ont d'ailleurs tous deux assis leur popularité sur leur image d'hommes d'affaires à succès. Quand sa chaîne de télévision Viva a diffusé un publi-reportage mettant en scène l'ancien président en exil Didier Ratsiraka, elle a été immédiatement interdite de diffusion, le 13 décembre. Le maire a alors durci le ton, lançant un ultimatum pour la démocratie et la liberté d'expression, marquant le début de la crise ouverte avec le régime.
Caroline Caldier, avec agences
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