Quelle vision Donald Trump a-t-il de l’Afrique?
Le président milliardaire a tenu ces propos lors d'un court discours («d’environ 800 mots», a calculé le Washington Post) devant plusieurs dirigeants africains à New York. Parmi eux : les présidents sud-africain Jacob Zuma et nigérian Muhammadu Buhari.
«L'Afrique a un potentiel commercial énorme. Beaucoup de mes amis se rendent dans vos pays pour essayer de devenir riches. Je vous félicite, ils dépensent beaucoup d'argent», a-t-il dit au début de son intervention. On trouve sur le continent «d’énormes quantités de marchés différents». «Pour les entreprises américaines, c'est vraiment devenu un endroit où elles doivent aller - et où elles veulent aller», a poursuivi Donald Trump.
«Nambia»
Il n’a pas précisé les pays où se trouve, selon lui, ce «potentiel commercial». Il a cependant précisé que «six des 10 pays à la plus forte croissance dans le monde sont africains». «L’accroissement du commerce et l’augmentation des investissements dans des activités comme l’agriculture, l’énergie, les transports, la santé, les voyages et le tourisme permettra de continuer à transformer la vie dans l’ensemble du continent», a-t-il ajouté. Il a évoqué «un investissement de centaines de millions de dollars en Côte d’Ivoire», sans plus de précision.
Le président américain a aussi parlé des pays ravagés par des crises et guerres sur le continent africain. «Les gens souffrent des conflits en Afrique. En Centrafrique, au Congo, en Libye, au Mali, en Somalie et au Soudan du Sud notamment, ils vivent des moments très difficiles et très dangereux», a-t-il relevé. «Des groupes terroristes, comme l'Etat islamique, les shebabs, Boko Haram, et Al-Qaïda menacent la paix africaine. Les Etats-Unis sont fiers de travailler avec vous pour éradiquer les refuges terroristes, pour couper leurs finances et discréditer leur idéologie dépravée», a poursuivi le président américain.
«Nous suivons attentivement et sommes profondément préoccupés par la violence en cours au Soudan du Sud et en République démocratique du Congo. Des millions de vies sont en danger et nous continuons de fournir une aide humanitaire. Mais de vrais résultats pour arrêter ces catastrophes nécessitent un processus de paix dirigé par des Africains et un sincère, réellement sincère engagement de toutes les parties concernées», a-t-il averti. Ironiquement, le Washington Post relève qu’«il a, à deux reprises, confondu les noms de deux pays africains, la Namibie et la Zambie, en créant (le nom d’)une nation qui n’existe pas : la ‘‘Nambia’’».
Mais que pense-t-il de l’Afrique ?
Difficile de dégager de cette intervention du locataire de la Maison Blanche une vision claire de l’Afrique : il semble en fait vouloir poursuivre la politique traditionnelle de son pays.
Par le passé, nombre de propos sur l’Afrique lui ont été prêtés, comme le rappelle Jeune Afrique. Ainsi, la fameuse phrase, qui aurait été prononcée en octobre 2016 lors d’un meeting à Indianapolis : «Certains Africains sont des sots paresseux, tout juste bons à manger, faire l’amour et voler.» Mais le site américain Snopes, qui s’efforce de débusquer les fausses informations sur le web, n’a pas pu retrouver la trace du milliardaire à Indianapolis pendant cette période.
Trump «ne déteste pas» l’Afrique
Pour autant, pendant sa campagne électorale, celui qui était alors le candidat républicain insistait déjà dans un tweet sur le «potentiel énorme» de l’Afrique. Tout en précisant qu’il «ne détestait pas» l’Afrique…
"@RealJohnAnthon: @realDonaldTrump Why do you hate Africa so much?" I don't-tremendous potential!
"@RealJohnAnthon: @realDonaldTrump Why do you hate Africa so much?" I don't-tremendous potential!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) September 20, 2013
En 2013, son prédécesseur, Barack Obama avait annoncé un plan de 7 milliards de dollars pour fournir de l’électricité à l’Afrique sub-saharienne. Réaction de Trump, citée par forbesafrique.com, pendant la campagne de 2016 : «Chaque centime prélevé sur les 7 milliards de dollars destinés à l’Afrique sera détourné. La corruption y est endémique».
Interrogé sur Twitter pendant la campagne, il répondait :
"@Jeromeister: Really @realDonaldTrump, are you sure "Every penny of the $7 billion going to Africa as per Obama will be stolen". Just 97%.
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) July 3, 2013
Conclusion du caricaturiste Glez dans Jeune Afrique (qui parlait alors du candidat à la présidentielle): Donald Trump «ne connaît certainement pas assez le continent pour l’apprécier ou le mésestimer».
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