Premier convoi humanitaire sous escorte dans l'est du Congo
Une dizaine de véhicules tout-terrain, escortés par deux camions de casques bleus de la MONUC, les casques bleus de l'ONU dans l'est de la République démocratique du Congo. Ils sont entrés dans Rutshuru, à 70 kilomètres au nord de Goma, après avoir franchi la ligne de front entre troupes gouvernementales et rebelles au nord-Kivu. Cette ville, proche du Rwanda et de l'Ouganda, connue pour ses sources chaudes et ses chutes d'eau, fait désormais figure de capitale rebelle, depuis que les forces de l'ex-général Laurent Nkunda l'ont prise mardi dernier.
Sur le terrain, le cessez-le-feu décrété par la rebellion après sa victoire sur les forces gouvernementales est toujours en vigueur. Mais la situation des réfugiés reste dramatique.
_ Le Haut commissariat aux réfugiés craint qu'environ 50.000 personnes ne soient disséminés aux environs de la ville. Des civils sans abris, sans eau, sans nourriture et sans soins, cachés pour échapper tant aux offensives des forces de Laurent Nkunda qu'aux pillages, aux viols et aux meurtres perpétrés par les forces gouvernementales en fuite.
Couvre-feu dans Goma
La tension demeure vive aux alentours de Goma, la capitale régionale. Dans la ville menacée par les rebelles, les forces gouvernementales ont imposé un cessez-le-feu “pour mieux contrôler les mouvements nocturnes et matinaux de la population ”, affirme Julien Paluku, gouvernemeur du nord-Kivu. La ville avait été le théâtre de pillages la semaine dernière, principalement commis par des militaires en fuite. Mais l'activité y semblait normale ce matin.
Malgré les efforts diplomatiques de l'Union européenne, des Etats-Unis, de l'ONU ou de la Belgique, ancienne puissance coloniale régionale, la tension est montée d'un cran aujourd'hui. Laurent Nkunda a menacé de “ forcer le gouvernement à quitter le pouvoir ” s'il refuse l'ouverture de négociations directes. Jusqu'ici, la rebellion affirmait vouloir introduire une dose de fédéralisme et demandait au pouvoir de chasser les rebelles hutus rwandais, qui écument la région depuis le génocide et la guerre du Kivu, qui a ensanglanté la région entre 1998 et 2003.
Les Européens restent divisés sur l'éventuel envoi d'une force de militaire sur place. Tout en soutenant les 17.000 hommes de la MONUC, le ministre britannique des Affaires étrangères, David Milliband, laisse entendre que l'Europe pourrait envoyer ses propres troupes. Une option non validée jusqu'à présent par son homologue français, Bernanrd Kouchner. L'ONU hausse aussi le ton, rappelant par la voix d'un haut responsable, Alain Le Roy, que ses casques bleus ont mandat d'empêcher les rebelles d'entrer dans Goma.
Grégoire Lecalot, avec agences
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