Rif: crise entre le Maroc et les Pays-Bas à cause d’un «indépendantiste»
L’enchaînement était rapide. Vendredi 24 juin, Saïd Chaou, ancien député de la région du Rif, dans le nord du Maroc, adresse un message de soutien aux protestataires dans une vidéo postée sur Facebook, vue plus de 125.000 fois. Le lendemain, Rabat a décidé de rappeler «immédiatement» pour consultation son ambassadeur à La Haye, exigeant l'extradition d'un Marocain présenté comme un «trafiquant de drogue» et laissant présager des représailles en cas de rejet de sa demande. «Alors qu'il n'est qu'un trafiquant, il se présente désormais comme un leader politique et un soi-disant défenseur des droits de l'Homme, tout cela pour régler ses comptes avec le Maroc», a déclaré à l'AFP un haut responsable gouvernemental marocain.
Du coup, la seule certitude concernant les opérations de ce type, c'est qu'il a financé le PAM
— Abdullah Abaakil (@AbdullahAbaaki1) June 24, 2017
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Selon la presse marocaine, cet ancien parlementaire est favorable à l'indépendance du Rif, en proie à un mouvement de contestation populaire depuis bientôt huit mois.
Dans un communiqué conjoint, les ministères néerlandais des Affaires étrangères et de la Justice ont vivement réagi. «Les Pays-Bas sont déterminés, maintenant et à l'avenir, à collaborer efficacement avec le Maroc dans le cadre des accords internationaux et dans le respect de l'Etat de droit», ont-ils affirmé. «A cet égard, la déclaration marocaine est incompréhensible et inutile», ont ajouté les deux ministères.
Le ministère des Affaires étrangères marocain a indiqué que Saïd Chaou faisait l'objet de deux mandats d'arrêt internationaux émis par la justice marocaine, pour «association de malfaiteurs» depuis 2010, et «trafic international de stupéfiants» depuis 2015.
Extradition de #Saïd_Chaou: les autorités néerlandaises réagissent…malhttps://t.co/U5eiAMcBV0 pic.twitter.com/WwJKIIPvXR
— Le360 (@Le360fr) June 25, 2017
Qui est Saïd Chaou ? «L'homme est associé au "Mouvement du 18 septembre pour l’indépendance du Rif", qui a écrit en juin dernier au SG de l'ONU qualifiant l’État marocain de "force d’occupation" dans le Rif et revendique le "droit à l’autodétermination" du Rif», affirme Tel Quel.
Selon le mandat d'arrêt de 2015, dont l'AFP a obtenu une copie, l'individu est soupçonné d'avoir convoyé plusieurs tonnes de cannabis par canot pneumatique entre le nord du Maroc et le sud de l'Espagne entre 2007 et 2010, et d'avoir versé des pots de vin à un membre des services de sécurité marocains pour qu'il ferme les yeux sur ce trafic.
Le roi du Maroc «mécontent, déçu et préoccupé»
Le roi Mohammed VI a fait part dimanche soir au cours d'un Conseil des ministres de «sa déception, son mécontentement et sa préoccupation» pour le retard qu'accuse le programme de développement dédié à la ville d'Al-Hoceima.
Lle souverain marocain a tancé ses ministres pour la «non-exécution», "dans les délais impartis", des projets inscrits dans le programme «Manarat Al Moutawassit» (2015-2019) dédié à Al-Hoceima, selon un communiqué du cabinet royal.
Pour répondre aux revendications dans le Rif, l'Etat marocain a relancé ou accéléré ce vaste programme de projets d'infrastructures doté d'une enveloppe de 600 millions d'euros, affirmant qu'il répondait à «90%" aux revendications des contestataires et qu'il sera "achevé dans les délais» (2019).
Mais la police a également procédé depuis le 26 mai à plus d'une centaine d'arrestations, dont les principaux meneurs du mouvement de contestation, accusés notamment «d'atteinte à la sécurité intérieure».
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