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RDC: deux leaders de l'opposition exigent «une transition sans Kabila»

De New York où ils ont co-signé un communiqué, les deux figures de l'opposition congolaise Félix Tshisekedi et Moïse Katumbi ont demandé «une transition sans» le président Joseph Kabila pour préparer des élections en République démocratique du Congo. Alors que le second mandat de M. Kabila s'est achevé le 20 décembre 2016, il n'a depuis jamais lâché le pouvoir, provoquant une crise dans le pays.
Article rédigé par Véronique le Jeune
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Avec Jean-Pierre Bemba, les opposants congolais Moïse Katumbi (à gauche) et Félix Tshisekedi (photomontage) sont considérés comme les principaux adversaires au candidat qui sera présenté par le pouvoir. (Fabrice COFFRINI/AFP et Eric LALMAND/AFP)

Dans leur communiqué, MM. Tshisekedi fils et Katumbi pointent la responsabilité de M. Kabila «dans le non-respect de la Constitution (qui interdit un troisième mandat présidentiel, ndlr) et dans le non-respect de l'accord du 31 décembre 2016».

Conclu sous l'égide de l'Eglise catholique, après des dizaines de morts à Kinshasa les 19 septembre et 19-20 décembre 2016, cet accord, dit de la St-Sylvestre, envisageait des élections présidentielle, législatives et provinciales «au plus tard en décembre 2017».
 
Kabila illégal et illégitime
«Pour prévenir le vide juridique et le chaos dans la perspective de la non-tenue des élections le 31 décembre 2017 au plus tard, (nous) exigeons une transition sans M. Kabila, devenu illégal et illégitime», écrivent les deux leaders du Rassemblement de l'opposition.

Cette transition sera «conduite par des personnalités éminentes consensuelles chargées de préparer les élections démocratiques, libres, transparentes et paisibles qui ne sont pas possibles, ni avec M. Kabila ni avec la commission électorale (Céni) dans sa configuration actuelle», ajoutent-t-ils.

Le gynécologue Denis Mukwege, potentielle personnalité consensuelle
Parmi les personnalités évoquées, des regards se tournent vers le gynécologue Denis Mukwege. «L'homme qui répare les femmes» violées dans l'est de la RDC a été reçu début septembre par le président français Emmanuel Macron à l'Elysée, et se trouvait également à New York le 19 septembre 2017, selon ses proches.

Comme en 2016 à l'approche de la fin du mandat de Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, la tension monte de nouveau à l'approche de l'échéance de décembre 2017. Un report des élections courant 2018 pourrait être accepté par les anti-Kabila, mais pas au-delà, envisage une source diplomatique à Kinshasa. En RDC, un mandat présidentiel dure cinq ans ... en principe.

Non à tout projet de réforme constitutionnelle
Pour être sûrs de bien se faire comprendre, MM. Tshisekedi et Katumbi rejettent d'avance «tout projet de référendum constitutionnel» qui modifierait la Constitution sur la question du nombre de mandats présidentiels et de leur durée. Le communiqué a aussi été signé par des animateurs de la société civile et de mouvements citoyens.

Sur place, la République démocratique du Congo fait de plus en plus figure de pivot instable de l'Afrique centrale avec ses neuf frontières, ses 2,3 millions de km², ses quelque 70 millions d'habitants, ses 3,8 millions de déplacés internes (notamment ceux du Kasaï, théâtre de violences depuis 2016) et enfin avec 500.000 réfugiés du Rwanda, du Burundi, du Soudan du Sud, et de Centrafrique.

Une possible implosion du pays
En août, la Monusco (mission de l'ONU en RDC) a enregistré «une augmentation importante» des violations des droits de l'Homme, avec 441 cas documentés, dont 64% commis par les agents étatiques et 36% par les groupes armés tous confondus.

Des observateurs redoutent une «implosion» du pays.

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