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Qui est Cyril Ramaphosa, le nouveau président de l’Afrique du Sud ?

Il a été syndicaliste, dauphin pressenti de Nelson Mandela puis homme d'affaires à succès. A 65 ans, le vice-président Cyril Ramaphosa concrétise enfin l'ambition de toute sa vie: diriger l'Afrique du Sud. Le Parlement sud-africain l’a élu, ce jeudi 15 février 2018, président de la République, après la démission du très controversé Jacob Zuma, poussé vers la sortie par son propre parti.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 6min

Moins de deux mois après avoir pris la tête du Congrès national africain (ANC) au pouvoir, Cyril Ramaphosa a officiellement succédé à la présidence du pays à Jacob Zuma, contraint de démissionner le 14 février 2018.
 
Son accession à la tête du pays sonne comme une consécration pour cet enfant de Soweto, militant de la première heure de la lutte contre l'apartheid. Et une revanche. En 1999 déjà, Cyril Ramaphosa avait cru pouvoir décrocher son Graal. Considéré comme le «fils préféré» de l'icône Mandela, il s'était déjà présenté à la présidence de l'ANC. Mais les caciques du parti lui avaient finalement préféré Thabo Mbeki.
 
Déçu, il avait fait mine de renoncer à toute prétention présidentielle pour se consacrer aux affaires. Mais après avoir amassé une fortune de près de 378 millions d'euros, selon le classement 2015 du magazine américain Forbes, Cyril Ramaphosa est revenu dans l'arène politique en se faisant élire en 2012 vice-président de l'ANC.
 
En décembre 2017, il accède à la présidence du parti en promettant de refermer définitivement la page des scandales qui ont agité le règne de Jacob Zuma.
«Depuis qu'il est devenu le numéro 2 de Jacob Zuma, Cyril Ramaphosa a été au mieux silencieux, au pire son complice», l'a étrillé le chef de l'opposition, Mmusi Maimane.

 
Syndicaliste
Né le 17 novembre 1952 à Soweto, Cyril Ramaphosa s'est illustré dans le militantisme étudiant dans les années 1970. Arrêté en 1974, il passe onze mois à l'isolement en cellule. Diplômé en droit, il se tourne vers le syndicalisme - forme légale de protestation contre le régime de l'apartheid - et fonde en 1982 le Syndicat national des mineurs (NUM).

Sous ses ordres, l'organisation devient une machine de guerre qui réunit 300.000 membres. Son implication dans la grande grève du secteur en 1987, qui fait vaciller le régime de l'apartheid, lui vaut d'être remarqué par les dirigeants de l'ANC. Et quand Nelson Mandela sort de prison, en 1990, il fait du jeune syndicaliste un de ceux qui vont négocier la transition politique avec le pouvoir blanc. Il figurait parmi «les plus doués de la nouvelle génération», a écrit de lui Madiba dans ses mémoires.
 
Dans la foulée des premières élections démocratiques de l'histoire du pays, en 1994, il devient président de l'Assemblée constituante. Négociateur redoutable, c'est lui qui dirige la rédaction de la Constitution sud-africaine.
 
Millionnaire
Après son échec pour succéder à Nelson Mandela à la tête de l'ANC en 1999, le socialiste autoproclamé Ramaphosa coupe les ponts avec l'ANC pour se lancer dans les affaires.
 
A la tête de la holding Shanduka, il fait fortune en siégeant aux conseils d'administration de la Standard Bank, en présidant celui de l'opérateur de téléphonie MTN ou en rachetant toutes les licences des restaurants McDonald's du pays. Il bénéficie ainsi de la politique d'émancipation économique des Noirs. Mais son divorce avec la politique n'est que de courte durée.
 
Ambitieux comme jamais, il devient vice-président de l'ANC en 2012. Il est vice-président du pays depuis 2014. Pour parvenir à ses fins, il compte sur son image modérée et son passé de «héros» de la lutte anti-apartheid pour séduire les classes moyennes et les investisseurs.
 
Massacre de 34 mineurs
Son passage dans le monde des affaires lui vaut parfois de vives critiques. En 2012, alors administrateur du groupe minier Lonmin, l'ex-syndicaliste demande à la police de rétablir l'ordre à Marikana (nord), où des mineurs réclament de meilleurs salaires. La police ouvre le feu sur les grévistes, faisant 34 morts. Cyril Ramaphosa est blanchi par une commission d'enquête mais ce massacre continue à lui être reproché par ses adversaires.
 
Ni cette embarrassante affaire, ni de récentes accusations d'adultère rapidement balayées ne l'empêchent de continuer sa course vers le sommet. Bientôt seul aux commandes, il doit redresser l'image d'un parti divisé pour le conduire à la victoire lors des élections générales de 2019 et réaliser les promesses de la nation «arc-en-ciel» rêvée par son mentor Nelson Mandela.
 
Les grandes dates de Cyril Ramaphosa : 
         - 17 novembre 1952: naissance à Soweto d'un père policier et d'une mère au foyer.
         - 1974: étudiant en droit et militant anti-apartheid, il est arrêté et passe onze mois à l'isolement.
         - 1982: il fonde le puissant Syndicat national des mineurs (NUM).
         - 1990: il œuvre à la libération de Nelson Mandela et devient une des figures clé des négociations avec le régime blanc.
         - avril 1994: élu secrétaire général du Congrès national africain (ANC), il mène le pays vers ses premières élections multiraciales et est élu président de l'Assemblée constituante.
         - 1999: il échoue à prendre la tête de l'ANC après le départ de Mandela, et se lance dans les affaires.
         - 2012: administrateur du groupe minier Lonmin, il appelle à une intervention des forces de l'ordre lors d'une grève à la mine de Marikana. 34 mineurs seront tués par la police. En décembre, il est élu vice-président de l'ANC.
         - mai 2014: il devient vice-président d'Afrique du Sud.
         - décembre 2017: il est élu président de l'ANC.
         - février 2017: il est élu président de la République d'Afrique du Sud.

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