Cet article date de plus de sept ans.

Mort de Mgr Bala: les évêques camerounais vent debout contre la thèse du suicide

Les évêques catholiques du Cameroun ont réaffirmé, le 11 juillet 2017, leur certitude que Mgr Jean Marie Benoît Bala avait été «assassiné». Ils rejettent une nouvelle fois la mort par suicide du prélat, thèse pourtant avancée par la justice camerounaise, alors que ces dernières années, plusieurs religieux ont été la cible d'assassinats non élucidés.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Quelques jours avant sa disparition, le 2 juin 2017, Mgr Bala célèbrait les obsèques du recteur de son docièse Armel Njama, en la cathdérale de Bafia. (Own work, Valérie leon (Wikimedia))

«Voilà un meurtre de plus, un de trop». Contrairement aux conclusions de la justice camerounaise, les évêques camerounais ont toujours écarté l’hypothèse du suicide de Mgr Bala. «Les évêques maintiennent leur déclaration du 13 juin 2017, selon laquelle Mgr Bala a été assassiné », affirme dans un communiqué, daté du 11 juillet 2017, la Conférence épiscopale camerounaise.
 
La dépouille de l’évêque de Bafia, 58 ans, qu’ils ont «vu et reconnu au bord de la Sanaga et à la morgue de l’hôpital de Yaoundé portait des marques de violences», ajoute le communiqué.
 
Le corps dans vie du prélat camerounais a été retrouvé le 2 juin 2017 dans les eaux du fleuve Sanaga, à une centaine de km de Yaoundé. «Je suis dans l’eau», indiquait un message laissé sur du papier à en-tête du diocèse. 
 
«Absence de toutes traces de violence»
Mgr Samuel Kleda, le président de la conférence épiscopale du Cameroun, dont la 11e assemblée plénière se tient à Yaoundé du 8 au 16 juillet, avait considéré, devant des journalistes dès le premier jour de cette réunion, que Mgr Bala avait été «brutalement assassiné», réfutant la «noyade» étant la cause la plus probable de la mort de l’évêque avancée par le procureur de la République.

 
La justice camerounaise a en effet conclu à une «absence de toutes traces de violence», le 4 juillet, après une autopsie réalisée par deux médecins légistes étrangers. Les résultats de l'enquête pour «mort suspecte», ouverte en juin, seront rendus publics «le moment venu», a indiqué le procureur de la République.

«Les évêques ne se suicident pas» avait réagi, début juin, Mgr Cornelius Esua, archevêque de Bamenda (Nord-ouest), ajoutant: «Nous attendons des enquêtes sérieuses». D'autres évêques, réunis à Yaoundé en Assemblée plénière extraordinaire, le 13 juin 2017, avaient éxigé «que toute la lumière soit faite sur les circonstances et les mobiles de l'assassinat»

Mgr Jean Marie Benoît Bala est né 10 mai 1959 à Oweng, dans le diocèse de Mbalmayo, au centre du Cameroun. Après plusieurs années passées comme aumônier, il a été nommé supérieur du petit séminaire de Yaoundé, aumônier de la Congrégation des filles de Marie, et professeur au grand séminaire de Nkolbisson. Il est fait évêque en 2003 par Jean Paul II.

D'autres «assassinats» non élucidés 
Depuis plusieurs années, l'Eglise catholique du Cameroun est la cible d'assassinats et de disparitions non élucidés depuis les années 1990. En 1991, Mgr Yes Plumey, évêque émirite de Garoua, a été retrouvé étranglé dans son lit chez lui à Ngaoundéré, dans le nord du pays. En 1988, l'abbé Joseph Mbassi, longtemps rédacteur en chef du journal catholique l'Effort camerounais, est retrouvé mort chez lui. Il était connu pour ses enquêtes sur les trafiquants d'armes.

Les évêques camerounais ont également rappelé d'autres affaires non élucidées: «Le père Antony Fontegh tué à Kumbo (sud-ouest) en 1990, les soeurs de Djoum (des religieuses françaises) mortes en 1992 (après avoir été violées, NDLR) et le père Engelbert Mveng tué à Yaoundé en 1995».

Le clergé joue un rôle sociétal et politique important au Cameroun, pays d'environ 23 millions d'habitants qui compte près de 40% de catholiques.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.