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Mauritanie : la gouvernance de l'ancien président Ould Abdel Aziz au cœur d'une enquête parlementaire

Des parlementaires mauritaniens veulent passer au peigne fin la gestion des onze ans de pouvoir de leur ancien président. Ce dernier a refusé toute collaboration avec la commission d'enquête mise en place à cet effet.

Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
L'ancien président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, lors de la cérémonie d'investiture de son successeur, le 1er août 2019, à Nouakchott. (SEYLLOU / AFP)

Il avait été convoqué le 8 juillet devant une commission d'enquête parlementaire à Nouakchott pour répondre de sa gestion des biens publics durant les onze ans de sa présidence. Ould Abdel Aziz a tout simplement refusé de recevoir l'huissier porteur de la lettre de convocation qui s'est rendu à son domicile.

Monsieur Ould Abdel Aziz a refusé d'accuser réception de la lettre par l'intermédiaire de ses gardiens

Une source parlementaire mauritanienne

à l'AFP

La commission d'enquête parlementaire instituée en janvier 2020 veut faire la lumière sur la gestion des biens publics durant l'exercice de l'ex-président de 2008 à 2019. Au cœur de cette affaire sensible figure notamment la gestion des revenus pétroliers et des grandes entreprises publiques. "Notre action doit aboutir. Nous n'acceptons aucune entrave. Nous agissons pour l'intérêt général. La lumière doit être faite sur le gestion de tous les dossiers", avait averti le député Mohamed Lemine Sidi Maouloud, au micro de RFI.

Quelle marge de manœuvre pour la commission ?

L'affaire fait grand bruit dans le pays où la presse locale se demande quelle pourrait être la marge de manœuvre de la commission d'enquête face au "refus de collaboration" de l'ancien président. A Nouakchott, certains parlementaires et juristes estiment que la commission doit "recourir à la force publique pour contraindre l'ancien chef de l'Etat à se présenter devant les enquêteurs". Mais les constitutionnalistes écartent une telle éventualité, non prévue par la loi, argumentent-ils. Ils penchent plutôt pour une mise en accusation par la Haute Cour de justice.

La commission doit maintenant rendre compte à l'Assemblée nationale qui doit voter une résolution, soit pour laisser tomber, soit pour le faire mettre en accusation pour son jugement par la Haute Cour de justice

Lo Gourmo, professeur de droit et constitutionnaliste

à l'AFP

Ancien général, l'ex-président mauritanien est arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 2008, avant d'être élu et réélu en 2009 et 2014. Les parlementaires à l'origine de la commission d'enquête lui demandent des comptes sur sa gestion des biens publics et notamment l'utilisation du "fonds national des revenus pétroliers", sur l'attribution de concessions portuaires et aéroportuaires et les conditions de liquidation d'entreprises publiques. 

Un séisme politique à Nouakchott

Cette affaire provoque un véritable séisme politique en Mauritanie, où des voix de la majorité ont rejoint, pour la première fois, celles de l'opposition pour attaquer la gestion des onze années de pouvoir de l'ancien chef de l'Etat. Pour l'hebdomadaire Jeune Afrique, "cette commission d'enquête est venue renforcer un peu plus la mise à l'écart de l'ancien président par son successeur", Mohamed Ould Cheikh Ghazouani.

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