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Liberia: le gel de l'élection présidentielle pénalise l'économie du pays
Depuis le 7 novembre 2017, date à laquelle aurait dû se tenir le second tour de la présidentielle, le processus est en suspens. Le résultat des deux finalistes, l'ex-footballeur George Weah et le vice-président Joseph Boakai, a été contesté par le candidat arrivé en troisième position, auquel s'est finalement joint M. Boakai. Un imbroglio juridico-électoral qui mine commerce et moral.
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«Tout stagne à présent», soupire Christopher Pewee, 32 ans, un vendeur de tongs de toutes les couleurs au marché Red Light de Paynesville, le plus grand du pays. «L'élection est suspendue, les affaires aussi sont suspendues, nous ne savons pas ce qu'il se passe dans ce pays», explique-t-il à l'AFP.
«Personne n'achète, les gens gardent leur argent», regrette une autre commerçante, Ruth Wollie, 45 ans. «Arriver à vendre pour 1.000 dollars libériens (environ 6,70 euros) par jour est devenu très difficile pour nous.»
Après les ravages de l'épidémie d'Ebola en 2014 et la chute des cours des matières premières à la même période, voilà que cet entre-deux tours qui s'éternise fait craindre une mauvaise passe au Liberia, l'un des pays les plus pauvres du monde.
La Cour suprême, dont tout le monde attend la décision, doit se prononcer dans le courant de la semaine du 11 décembre sur l'annulation ou non des résultats du premier tour, après les recours déposés par les candidats arrivés 2e et 3e.
En cas de réponse positive des magistrats, une nouvelle élection devra être organisée dans un délai de 60 jours. En cas de réponse négative, un second tour devra se tenir le plus rapidement possible. Un mardi, selon la Constitution.
Première transition démocratique depuis 73 ans
«La réputation de notre pays est attaquée. Notre économie est sous pression», a jugé et mis en garde le 7 novembre Ellen Johnson Sirleaf, première femme élue à la tête d'un Etat africain, qui ne se représentait pas.
Quoi qu'il en soit, l'incertitude juridico-électorale fait planer une ombre sur la première transition démocratique depuis trois générations dans ce petit pays anglophone d'Afrique de l'Ouest, peuplé de 4,7 millions d'habitants. Un pays ravagé de 1989 à 2003 par l'une des plus atroces guerres civiles du continent, qui a fait quelque 250.000 morts.
L'attentisme des investisseurs
«En période électorale, en particulier dans des pays africains, les investisseurs potentiels veulent savoir à qui ils auront affaire», si le nouveau président «appliquera une politique qui aura des répercussions sur leurs investissements», explique l'économiste Ansu Sunii, également membre de l'équipe de campagne de George Weah, arrivé en tête au premier tour.
Dans le doute, «ils jouent la prudence» et diffèrent leurs investissements, souligne l'expert qui évoque le risque d'une rechute, alors que le Liberia tente péniblement de sortir de la récession.
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