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Lee White, un Blanc à la tête du ministère de la Forêt du Gabon

"Monsieur vert" des présidents Bongo père et fils, cet Anglo-Gabonais doit ramener la crédibilité au sein d’un gouvernement entaché par l’affaire du "Kévazingogate", un vaste trafic de bois précieux.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Lee White, patron des parcs nationaux du Gabon, lors de la remise d'un hélicoptère par une fondation sud-africaine pour lutter contre le braconnage, le 29 septembre 2016. (KAREL PRINSLOO / AFP)

Le personnage, qui vient d’être nommé ministre des Forêts, de la Mer et de l'Environnement du Gabon, est pour le moins atypique. Citoyen britannique né à Manchester en 1966, Lee White découvre très jeune l’Afrique en accompagnant sa famille en Ouganda, où elle semble s’accommoder du régime d’Idi Amin Dada.

Passionné de zoologie, il étudie d’abord en Sierra Leone, puis au Nigeria et enfin au Gabon, où il arrive en 1989. Il travaille sur l’impact de l’exploitation forestière sur la réserve de la Lopé-Okanga. Sur 5000 km², le parc national est à la fois réserve animale et haut lieu de recherches archéologiques.

Lee White s’installe au Gabon, fonde une famille et acquiert la nationalité gabonaise en 2008. L’année suivante, il prend la direction de l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN). Il est également l’antenne au Gabon du très influent Wildlife Conservation Society (WCS). C’est d’ailleurs une bourse du WCS qui lui a permis de faire ses études. Ce même WCS a assisté le gouvernement dans la mise en place de son réseau de parcs nationaux en 2002, lequel comprend aujourd’hui 13 parcs couvrant plus de 10% du territoire national. 

Famille d'éléphants de forêt dans le parc de Lopé au Gabon. (AFP)

Lee White serait donc la "caution verte" du clan Bongo et ce, de père en fils, ce qui lui vaut de solides inimitiés. Lors de sa nomination en 2009 à l’ANPN, on lui reproche sa position très favorable aux décriés "droits à polluer". 

A l'époque, Marc Ona Essangui, prix Goldman de l’environnement 2009 et farouche opposant d’Ali Bongo, juge sévèrement le futur ministre. "Lee White, qui n’a pas bonne presse dans le milieu de la conservation sur le plan international, va parler au nom du Gabon. Je crains que les dossiers du Gabon ne soient pas pris en compte."

Aujourd’hui en tout cas, la mission de Lee White est clairement de redorer le blason du pouvoir gabonais, terni par le scandale du "Kévazingogate". Fin février et début mars 2019, près de 5000 m³ de kévazingo, une essence de bois rare d'une valeur d'environ 7 millions d'euros, avaient été découverts dans deux sites d'entreposage appartenant à des sociétés chinoises, sur le port d'Owendo, à Libreville. Les documents accompagnant la cargaison étaient faux, indiquant de l’okoumé, un bois beaucoup plus commun.

Après la découverte de ces documents falsifiés, le responsable au port du ministère des Eaux et Forêts et son équipe avaient été arrêtés, soupçonnés d'implication dans ce trafic. Mais le 30 avril, 353 de ces conteneurs, placés sous l'autorité de la justice, s'étaient mystérieusement volatilisés. Depuis, 200 conteneurs ont été retrouvés. Des têtes sont tombées, dont celle du vice-président Pierre Claver Maganga Moussavou et celle du ministre des Forêts et de l'Environnement, Guy Bertrand Mapangou, entre autres.

Sur les réseaux sociaux, les réactions sont très contrastées quant à la nomination de Lee White. L’un parle de "néo-Tarzan équatorial", d’autres s’étonnent que ce soit un Blanc qui soit nommé ministre. Beaucoup cependant reconnaissent la compétence de Lee White et espèrent qu’il remettra de l’ordre dans une maison particulièrement éclaboussée par les scandales.

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