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Cyril Ramaphosa sur orbite pour conquérir la présidence de l’Afrique du Sud
Cyril Ramaphosa, l’actuel vice-président d’Afrique du Sud, vient de prendre la tête de l’ANC, l’historique parti politique de Nelson Mandela. Depuis la fin de l’apartheid, tous les présidents du pays sont issus de ce parti. Portrait du possible futur président, syndicaliste devenu richissime homme d’affaires.
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Il aura attendu son heure. A 65 ans, Cyril Ramaphosa voit se dégager devant lui le chemin vers la présidence de la nation arc-en-ciel. Le Congrès national africain (ANC) l’a désigné pour succéder à Jacob Zuma à la tête du parti. Jusqu’à présent, ce mandat est la garantie de représenter le parti aux élections, et d’atteindre ainsi la magistrature suprême.
C’est une seconde chance pour ce syndicaliste, avocat de formation, fondateur du puissant Syndicat national des mineurs qui a conduira la grande grève de 1987. A cette époque, il se rapproche de Nelson Mandela qu’il visite en prison. Dès lors, le destin des deux hommes semble lié. Mandela prend le pouvoir en 1994 et Ramaphosa la vice-présidence de l’ANC. Il semble assuré de succéder au grand homme.
Un premier échec
Mais les jeux d’appareil au sein de l’ANC sont forts. Et Ramaphosa se voit préférer Thabo Mbeki pour conduire le parti, puis le pays après Mandela en 1999. Le syndicaliste en prend ombrage et quitte la politique. Il se lance dans les affaires. Il profite largement du Black Economic Empowerment, un système de discrimination positive qui permet à la majorité noire d’accéder aux affaires.
«Les leaders de l’ANC étaient les plus proches des actifs transférés. Il faut bien amorcer la pompe quelque part: en seulement quelques années, des empires ont été créés à partir de rien», écrit Gilles Genre-Granpierre. Ramaphosa, l’enfant de Soweto, en a bien profité. Il entre dans les conseils d’administration des grands groupes, puis fonde une holding, Shanduka. Ainsi, il devient l’importateur de Coca-Cola et de McDonald’s. Sa fortune est faite.
Retour en politique
S’il a su profiter du système, son image reste malgré tout intacte ou presque. Seule ombre, il était administrateur de la mine de Marikana quand, en 2012, la police a ouvert le feu sur des grévistes faisant 34 morts. Mais son profil d’entrepreneur qui a réussi rassure les milieux financiers.
Surtout, il a réussi à se protéger des nombreux scandales qui ont secoué les mandats de Jacob Zuma. Il n’a pas notamment de lien avec la famille Gupta, accusée régulièrement de corruption. A-t-il été habile ou réellement incorruptible?
Il doit désormais remettre en ordre l’ANC, dont le lustre s’est terni au fil des scandales. Le parti a perdu des grandes villes aux élections municipales et n’aurait plus la majorité absolue pour les élections générales. Du coup, l’ANC ne serait plus l’ascenseur vers la présidence du pays comme il l’a été depuis 1994.
Enfin, il va devoir faire avec Jacob Zuma, qui reste président jusqu’en mai 2019. Si de nouvelles affaires de corruption venaient à faire surface, le crédit de l’ANC se dégraderait un peu plus, sauf à conduire Zuma vers la sortie, et anticiper les élections.
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