Côte d'Ivoire : l'Afrique s'associe aux Ivoiriens pour faire l'éloge du président Alassane Ouattara
Alassane Ouattara, 78 ans, a surpris ses adversaires en renonçant officiellement à briguer un troisième mandat. "Une décision qui doit faire tâche d'huile" sur le continent africain.
Qu’elle soit proche du pouvoir ou de l’opposition, la presse ivoirienne a salué unanimement l’annonce, faite le 5 mars 2020 par le président Alassane Ouattara, de ne pas briguer un troisième mandat à l'élection présidentielle du mois d’octobre. A l'exception de quelques journaux qui évoquent "un non-événement", nos confrères saluent "une décision historique", "un coup de tonnerre" sur la scène politique ivoirienne. Alassane Ouattara, "c’est notre Mandela", proclame à la une le quotidien Le Patriote, proche du pouvoir ivoirien.
Ils en ont assez des anciens
Alassane Ouattara l’a martelé devant les députés, sénateurs et ministres ivoiriens réunis à Yamoussoukro, la capitale politique : "Le temps est venu de passer le témoin à la jeune génération". Son appel sera-t-il entendu par les principaux acteurs de la longue crise meurtrière ivoirienne, à savoir Henri Konan Bédié et Laurent Gagbbo ? Ils sont nombreux en Côte d’Ivoire à souhaiter que prenne fin cette omniprésence des collaborateurs de l’ancien président Houphouët Boigny et de ses opposants qui s’accrochent au pouvoir un quart de siècle après sa mort
"C’est à cause de ces personnages politiques que nous sommes dans la souffrance. Il faut un changement de mentalité. Il ne suffit pas de déléguer le pouvoir à n’importe qui pour dire qu’on a rajeuni la classe politique. Non. Il faut changer les mentalités politiques en Afrique", plaide un jeune ivoirien interrogé à Abidjan par la BBC.
Vider la question de la crise post-Ă©lectorale
La non-candidature d’Alassane Ouattara signifie-t-elle que l’année électorale sera forcément apaisée? Pas si sûr. Pour certains Ivoiriens, il faut d’abord régler la question de la crise post-électorale. Ils pointent notamment les frustrations provoquées par "la justice des vainqueurs".
Il faut arrêter les poursuites judiciaires pour faciliter la cohésion sociale. Depuis 2010-2011, notre justice est partiale. Elle a poursuivi un seul camp. Malgré la loi d'amnistie, on a encore des prisonniers
Nathalie Kouakou N'Guessan, présidente de l'ONG "Vivre sans violence"Le débat africain/RFI
Le risque d’une nouvelle explosion de violence en Côte d’Ivoire est redouté au-delà des frontières ivoiriennes. En janvier 2020, le Sénégalais Alioune Tine, défenseur de longue date des droits de l’Homme et ancien directeur du bureau Afrique de l’Ouest d’Amnesty international, avait confié à franceinfo Afrique ses craintes. Il disait percevoir les mêmes signes et les mêmes symptômes qui ont précipité il y a dix ans ce pays dans une folie meurtrière. Il décrivait Alassane Ouattara comme un homme prêt à tout pour neutraliser ses adversaires politiques. C’est dire son soulagement après l’annonce faite par le chef de l’Etat ivoirien.
C'est une décision historique qui doit faire tâche d'huile sur le continent
Alioune Tine, fondateur du Think Tank Afrikajom Centersur Twitter
Un sentiment partagé par de nombreux Africains et résumé en quelques mots par Ousmane Zina, maître de conférences, agrégé de sciences politiques à l'université de Bouaké, en Côte d'Ivoire : "Vous savez aujourd’hui, la question du 3e mandat ne fait pas bonne recette en Afrique. Au niveau international également, il y a une demande d’alternance. Il y a enfin le contexte de fragilité politique et économique de toute l’Afrique de l’Ouest avec des mouvements terroristes ici et là . Ajouter des incertitudes au niveau de la Côte d’Ivoire n’arrangerait pas les choses", explique-t-il au micro de RFI.
Au-delà du continent africain, le président français, Emmanuel Macron, a aussi salué la décision de son homologue ivoirien. "Je salue la décision historique du président Ouattara, homme de parole et homme d’Etat. La Côte d’Ivoire donne l’exemple", a-t-il réagi sur son compte Twitter.
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