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Boycott contre «la vie chère»: Danone en grande difficulté au Maroc

Une campagne de boycott lancée sur Facebook contre de grandes marques rencontre un immense succès au Maroc et tourne à la contestation du système économique. Trois marques sont prises pour cibles: Danone, les stations-service Afriquia et l’eau minérale Sidi Ali.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2min
Des salariés de Centrale Danone, filiale marocaine du groupe Danone, appellent à la fin du boycott à Rabat. (FADEL SENNA / AFP)

Tout a commencé il y a six semaines, sur les réseaux sociaux. Face à la «cherté de la vie», des internautes marocains appellent au boycott de trois marques pour obtenir une baisse des prix. Le gouvernement marocain est pris de court. Danone n’est pas la seule cible de la mystérieuse campagne de boycott. Deux autres marques, les stations-service Afriquia, premier réseau du pays, et l’eau minérale Sidi Ali en font aussi les frais.


Le groupe français est touché de plein fouet par la campagne de boycott. Danone Maroc a annoncé s’attendre à une baisse d’environ 20% de son chiffre d’affaires et prévoit également une perte nette de 150 millions de dirhams (13,5 millions d'euros) au premier semestre 2018 contre un bénéfice net de 56 millions de dirhams (5 millions d'euros) sur la même période l’année dernière. Depuis le début du mouvement, la filiale a connu «un repli de son activité» et mis un terme aux contrats de 886 intérimaires de courte durée.


Le gouvernement marocain a mis en garde contre les effets négatifs que pourrait avoir le boycott sur l'emploi et l'économie, en particulier dans le secteur du lait. La décision de Centrale Danone, cotée à la Bourse de Casablanca, de réduire de 30% de son approvisionnement en lait auprès de ses fournisseurs locaux affecte 120.000 éleveurs au total. 

Des centaines de salariés de la filiale marocaine de Danone ont manifesté dans la nuit du 5 au 6 juin 2018 devant le Parlement à Rabat pour exprimer leurs craintes de perdre leur emploi. «Nos emplois sont menacés», «nous réclamons une intervention du gouvernement pour trouver une solution», ont notamment scandé des centaines d'employés de Centrale Danone, la filiale marocaine du géant français de l'alimentaire. «Je suis avec les citoyens pour une baisse des prix, mais pas de cette façon qui porte atteinte aux intérêts des employés», souligne Brahim, 34 ans, salarié de Danone à Salé.


Ce large mouvement a fait sa première victime politique. Le ministre marocain des Affaires générales de la gouvernance Lahcen Daoudi a présenté sa démission le 6 juin 2018. Le ministre marocain, 71 ans, s'était publiquement affiché dans les rangs des salariés de la filiale marocaine de Danone. Une participation jugée «inappropriée» par le Parti justice et développement (PJD, islamiste), qui dirige la coalition gouvernementale.

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