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Boko Haram: le Cameroun accusé d'avoir expulsé 100.000 réfugiés nigérians

Le Cameroun a expulsé de force près de 100.000 réfugiés nigérians fuyant les violences du groupe djihadiste Boko Haram, victimes d'actes de torture et d'agressions sexuelles de la part de l'armée camerounaise, révèle Human Rights Watch (HRW).
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2min
Des réfugiés, qui ont fui des attaques de Boko Haram, à Adamawa (nord-est du Nigeria), le 31 janvier 2015. (Reuters - Afolabi Sotunde)

«Quasiment 100.000 Nigérians ont été renvoyés de force dans leur pays depuis janvier 2015», dénonce l'ONG Human Rights Watch dans un rapport de 60 pages intitulé Forcés à monter dans des camions comme des animaux (lien en anglais)«Les retours forcés opérés par le Cameroun violent le principe de non-refoulement, qui interdit le renvoi de réfugiés et de demandeurs d'asile vers des lieux où ils peuvent être persécutés», ajoute HRW. 


Le nord-est du Nigeria, épicentre de l'insurrection djihadiste de Boko Haram, souffre d'une grave crise humanitaire après des années de conflit, qui a fait plus de 20.000 morts et 2,6 millions de déplacés. Environ 100.000 réfugiés nigérians ont été «officiellement répertoriés» sur le territoire camerounais, mais des dizaines de milliers de personnes n'ont pu être enregistrées par le Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR) et se trouvent sans protection, selon HRW.


En avril et mai, 13.000 réfugiés ont quitté Minawao, le seul camp officiel au Cameroun, pour rejoindre Banki dans le nord-est du Nigeria. L'AFP a visité en juin 2017 cette localité où les humanitaires étaient dépassés par l'afflux de victimes du conflit.

Torture et prostitution
Human Rights Watch accuse aussi l'armée camerounaise d'avoir «torturé, agressé et exploité sexuellement des demandeurs d'asile nigérians dans des régions frontalières reculées» et de les avoir empêchés d'entrer en contact avec le HCR. «La torture et les mauvais traitements infligés par l'armée camerounaise aux réfugiés et demandeurs d'asile nigérians semblent être motivés par une décision arbitraire visant à les punir pour les attaques menées par Boko Haram au Cameroun», a déclaré Gerry Simpson, chercheur à Human Rights Watch.

Le groupe Boko Haram mène également des attaques sanglantes dans l'extrême Nord du Cameroun, et les autorités de Yaoundé ont souvent accusé les djihadistes ou leurs complices d'infiltrer les flux de réfugiés nigérians. 


Des réfugiés ont raconté à Human Rights Watch que des «enfants, affaiblis après des mois ou des années passés dans les zones frontalières sans nourriture ni soins médicaux suffisants, étaient morts pendant ou immédiatement après le renvoi forcé ou séparés de leurs parents».

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