Boko Haram: le Cameroun accusé d'avoir expulsé 100.000 réfugiés nigérians
«Quasiment 100.000 Nigérians ont été renvoyés de force dans leur pays depuis janvier 2015», dénonce l'ONG Human Rights Watch dans un rapport de 60 pages intitulé Forcés à monter dans des camions comme des animaux (lien en anglais). «Les retours forcés opérés par le Cameroun violent le principe de non-refoulement, qui interdit le renvoi de réfugiés et de demandeurs d'asile vers des lieux où ils peuvent être persécutés», ajoute HRW.
Cameroon: Mass Forced Return of Nigerian Refugees https://t.co/bBmcmm743I
— Human Rights Watch (@hrw) September 27, 2017
Le nord-est du Nigeria, épicentre de l'insurrection djihadiste de Boko Haram, souffre d'une grave crise humanitaire après des années de conflit, qui a fait plus de 20.000 morts et 2,6 millions de déplacés. Environ 100.000 réfugiés nigérians ont été «officiellement répertoriés» sur le territoire camerounais, mais des dizaines de milliers de personnes n'ont pu être enregistrées par le Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR) et se trouvent sans protection, selon HRW.
"Go back to Nigeria & die”: Cameroon's military tortures, abuses and deports 100,000 asylum seekers back to war @HRW https://t.co/VSmwPIgNr4 pic.twitter.com/8TEPJuVD5Y
— Gerry Simpson (@GerrySimpsonHRW) September 27, 2017
En avril et mai, 13.000 réfugiés ont quitté Minawao, le seul camp officiel au Cameroun, pour rejoindre Banki dans le nord-est du Nigeria. L'AFP a visité en juin 2017 cette localité où les humanitaires étaient dépassés par l'afflux de victimes du conflit.
Torture et prostitution
Human Rights Watch accuse aussi l'armée camerounaise d'avoir «torturé, agressé et exploité sexuellement des demandeurs d'asile nigérians dans des régions frontalières reculées» et de les avoir empêchés d'entrer en contact avec le HCR. «La torture et les mauvais traitements infligés par l'armée camerounaise aux réfugiés et demandeurs d'asile nigérians semblent être motivés par une décision arbitraire visant à les punir pour les attaques menées par Boko Haram au Cameroun», a déclaré Gerry Simpson, chercheur à Human Rights Watch.
Le groupe Boko Haram mène également des attaques sanglantes dans l'extrême Nord du Cameroun, et les autorités de Yaoundé ont souvent accusé les djihadistes ou leurs complices d'infiltrer les flux de réfugiés nigérians.
Des enfants nigérians séparés de leur parents au #Cameroun #Cameroon https://t.co/H9SXdyInsz
— Michel Arseneault (@miko75011) September 27, 2017
Des réfugiés ont raconté à Human Rights Watch que des «enfants, affaiblis après des mois ou des années passés dans les zones frontalières sans nourriture ni soins médicaux suffisants, étaient morts pendant ou immédiatement après le renvoi forcé ou séparés de leurs parents».
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