Après la fraude au "Tipp-Ex", le Malawi à nouveau aux urnes pour élire un président
Le Malawi a commencé, ce mardi 23 juin, à voter pour élire un président, plus d'un an après l'annulation historique de la réélection du sortant Peter Mutharika en raison de fraudes massives.
Les 6,8 millions d'électeurs du Malawi ont jusqu'à 18h pour se rendre dans les quelque 5 000 bureaux de vote pour désigner leur nouveau président. Au terme d'une campagne qui a ravivé les tensions politiques dans le pays, Peter Mutharika, 79 ans, affronte une nouvelle fois le chef de l'opposition Lazarus Chakwera, 65 ans, et un troisième petit candidat qui n'a guère de chances de troubler leur duel.
A l'issue de l'élection du 21 mai 2019, la Commission électorale (MEC) avait proclamé la victoire du sortant, au pouvoir depuis 2014, avec 38,57% des suffrages, contre 35,41% à son rival. Mais Lazarus Chakwera n'a jamais accepté ces résultats, à ses yeux outrageusement frauduleux.
"Fluide correcteur blanc"
Entre autres irrégularités, le principal challenger et d'autres candidats hostiles au régime ont dénoncé le nombre suspect de procès verbaux de dépouillement barbouillés de blanc à corriger et saisi la Cour constitutionnelle.
Pendant plusieurs mois, le Malawi, d'ordinaire si tranquille, a tangué au rythme des manifestations de l'opposition, émaillées de violences avec les forces de l'ordre, et des audiences devant la plus haute juridiction du pays. Et à la surprise générale, ses juges ont annulé en février la victoire de Peter Mutharika, en confirmant des "irrégularités généralisées et systématiques".
"Victoire" et "changement"
En concluant le 20 juin sa campagne à Rumphi (Nord), le sortant a exhorté le pays à lui rendre sa victoire.
Nous avons gagné le scrutin de 2019 mais (l'opposition) a saisi la justice et nous a volé le gouvernement. Alors votons pour faire à ceux qui nous ont volés
Peter Mutharika, président sortant
Allié au vice-président Saulos Chilima, qui a rompu avec le président sortant, Lazarus Chakwera a de son côté mobilisé ses troupes en dénonçant la corruption et la faillite économique du régime sortant.
Le peuple veut le changement, il nous considère comme le visage d'un nouveau Malawi dont la construction serait ouverte à tous
Lazarus Chakwera, opposantà l'AFP
"Election crédible"
Le Malawi est un des pays les plus démunis de la planète. Selon la Banque mondiale, plus de la moitié de ses 17 millions d'habitants vit sous le seuil de pauvreté.
De nombreux analystes ont fait de Lazarus Chakwera leur favori. "Je n'accorde pas à Mutharika de fortes chances de réélection", a prédit le politologue malawite Michael Jana, de l'université du Witwatersrand (Afrique du Sud). "J'espère juste que les résultats seront suffisamment clairs pour éviter de nouvelles contestations." Le nouveau président de la MEC Chifundo Kachale a promis des élections transparentes.
Je tiens à vous assurer de mon engagement absolu et de celui de toute la Commission à organiser une élection crédible dont les résultats seront acceptables par tous
Chifundo Kachale, président de la Commission électoraleaux représentants des candidats
Le vote au temps du coronavirus
Les candidats ont multiplié depuis des semaines les réunions publiques devant des milliers de partisans, mais Chifundo Kachale a promis que les règles de prévention sanitaire contre la pandémie de nouveau coronavirus seraient respectées pendant le scrutin présidentiel. Dès le lever du soleil, de longues files d'électeurs sans masque se sont formées devant le bureau de vote de l'école primaire Malembo à Lilongwe, sans grand respect des règles de distanciation sociale.
Il vaut mieux risquer l'infection que d'avoir un président que le peuple ne veut pas
Innocent Maguya, chauffeurà l'AFP
Selon le dernier bilan, un total de 730 cas d'infection par la maladie Covid-19, dont 11 mortels, ont été recensés officiellement au Malawi.
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