Antony Blinken appelle Kigali et Kinshasa à "cesser" de soutenir des groupes armés en RDC
Le secrétaire d'Etat américain achève une tournée en Afrique subsaharienne durant laquelle il a dévoilé la nouvelle politique africaine des Etats-Unis.
La République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda renvoyés dos à dos. Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a appelé le 11 août les gouvernements congolais et rwandais à cesser d'apporter leur soutien à des groupes armés dans l'est de la RDC, lors d'une visite au Rwanda, troisième et dernière étape de sa tournée en Afrique subsaharienne qui l'a conduit en Afrique du Sud et en RDC.
"Il existe des rapports crédibles sur un soutien aux groupes armés par toutes les parties, y compris les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) par les forces congolaises et le M23 (Mouvement du 23 mars) par les forces rwandaises", a déclaré Antony Blinken à l'issue de discussions avec le président rwandais Paul Kagame à Kigali, la capitale rwandaise. Les FDLR sont des rebelles hutu rwandais et le M23 est un groupe principalement composé de Tutsis congolais.
"Respecter l'intégrité territoriale des autres"
"Notre position est claire : le soutien à tout groupe armé doit cesser. Il ne s'agit pas d'un groupe contre un autre. Le principe de base est qu'il ne devrait pas y avoir de soutien venant des gouvernements et des forces armées aux groupes armés comme le M23 et les FDLR", a ajouté le chef de la diplomatie américaine.
Antony Blinken a indiqué qu'il avait évoqué avec le président Kagame la question d'allégation de soutien au M23, soulevée récemment par un rapport confidentiel d'experts missionnés par les Nations unies. Le Rwanda a rejeté ces "allégations non valides" et avancé son "droit à défendre son territoire". La veille à Kinshasa, le diplomate américain avait fait part des préoccupations des Etats-Unis sur des informations "crédibles" liant l'armée rwandaise au M23.
Kigali campé sur ses positions
Le ministre rwandais des Affaires étrangères, Vincent Biruta, a refusé de commenter les propos d'Antony Blinken. Il a réitéré la position de Kigali en affirmant que le "problème fondamental" des FDLR devait être traité pour parvenir à une solution durable dans l'est de la RDC.
La région abrite de nombreux groupes armés qui sèment la mort depuis près de trente ans. L'un des plus actifs ces derniers mois est le M23, une ancienne rébellion vaincue en 2013, qui a repris les armes en fin d'année dernière en reprochant à Kinshasa de n'avoir pas respecté des accords sur la démobilisation et réinsertion de ses combattants.
Une nouvelle stratégie
En Afrique du Sud, la première étape de sa tournée, Antony Blinken a dévoilé les grandes lignes de la nouvelle politique africaine des Etats-Unis. Washington entend mettre en œuvre une stratégie sur le continent qui prend en compte, entre autres, "sa puissance et son influence".
Les Etats-Unis veulent un "véritable partenariat" avec l'Afrique et ne cherchent pas à "surpasser" l'influence des autres puissances mondiales sur le continent, Chine et Russie en tête. "Ce que nous recherchons avant tout, c'est un véritable partenariat entre les États-Unis et l'Afrique. Nous ne voulons pas d'une relation déséquilibrée ou transactionnelle", a déclaré le secrétaire d'Etat américain au cours d'un point-presse avec son homologue sud-africaine Naledi Pandor à Pretoria.
Cette nouvelle stratégie américaine, qui reconnaît au passage l'importance démographique croissante de l'Afrique, son poids à l'ONU tout comme ses immenses ressources naturelles et ses opportunités, intervient à un moment où l'accent mis par les Etats-Unis sur la lutte militaire contre les groupes extrémistes en Afrique est critiqué pour son inefficacité. Un sommet américano-africain est prévu le 13 décembre à Washington.
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