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Algérie: 26 membres du Polisario tués dans le crash du vol Boufarik-Tindouf

Intervenu en pleine remontée des tensions entre le Maroc et le Front Polisario sur la question du Sahara occidental, le crash de l’Iliouchine assurant la liaison Boufarik-Béchar-Tindouf a plongé l’Algérie dans le deuil. Mais il a ouvert également une polémique autour de la présence d’une trentaine de Sahraouis à bord d’un avion militaire algérien.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des sauveteurs autour des débris de l'Iliouchine de l'armée algérienne qui s'est écrasé près de la base de Boufarik d'où il venait de décoller, le 11 avril 2018, faisant 257 morts. (RYAD KRAMDI/AFP)

Au moment où le Maroc se disait prêt désormais à intervenir militairement au Sahara occidental contre un déploiement présumé du Front Polisario, le crash de l’avion militaire algérien qui a fait 257 morts près de la base aérienne de Boufarik, à une trentaine de kilomètres de la capitale, est venu attiser les tensions.
 
Une trentaine de Sahraouis à destination de Tindouf
L’appareil, un Iliouchine-76 de fabrication russe, devait assurer le vol entre Boufarik et les villes de Béchar et Tindouf, situées respectivement à 1000 et 1800 kilomètres au sud-ouest d’Alger.
 
De conception soviétique à l’origine, ce quadriréacteur peut en principe transporter entre 126 et 225 passagers selon les versions civile ou militaire.
 
Sur les 257 victimes du crash, outre les dix membres de l’équipage, la plupart des passagers étaient «des personnels de l’Armée nationale populaire ainsi que des membres de leur famille», a indiqué le ministère algérien de la Défense. Ils se rendaient à Béchar qui abrite une importante base militaire algérienne à proximité de la frontière, fermée, avec le Maroc.
 
Toutefois, au nombre des victimes figuraient également une trentaine de Sahraouis, à destination de la région de Tindouf, qui abrite des camps de réfugiés ainsi que le siège des administrations de la République arabe sahraouie démocratique (RASD).
 
«Des malades et leurs accompagnateurs, hommes, femmes et enfants, qui revenaient d’Algérie où ils étaient allés se soigner», a aussitôt fait savoir le Front Polisario qui a déclaré sept jours de «deuil national».

La presse marocaine s'interroge et dénonce 
La polémique a toutefois surgi après l'annonce d'un bilan formulé différemment par le secrétaire général du FLN, le parti au pouvoir en Algérie. Djamel Ould Abbes a en effet indiqué à la télévision privée algérienne Ennahar TV que 26 membres du Front Polisario avaient été tués dans le crash.
 
La presse marocaine s’est aussitôt emparée de l’information pour s’interroger sur la présence de ces Sahraouis à bord de l’Iliouchine et dénoncer le rôle de l’Algérie dans le conflit qui mine les relations entre Alger et Rabat depuis 1975.
 
Pour le site Kiosque 360, ce crash «a mis à nu l’implication militaire directe d’Alger dans la formation, l’entraînement et l’approvisionnement des milices du Polisario». Le site affirme même que l’avion qui s’est écrasé ramenait à Tindouf des membres du Polisario à l’issue de leur formation.
 
A l’appui de sa thèse, Kiosque 360 cite le journal Al Massae, rapportant dans son édition du 12 avril 2018, «que des liaisons aériennes sont régulièrement assurées entre des bases militaires algériennes et les camps de Tindouf. Il s’agit là de preuves accablantes de l'implication directe de l’Algérie dans le conflit artificiel autour du Sahara marocain.»
 
Pour le journal Al Akhbar, la présence de ces membres du Polisario à bord «ne manquera pas de mettre à mal la diplomatie algérienne, sa position officielle et les propos qu’a toujours tenus sur la question du Sahara marocain».
 
Al Akhbar en profite également pour dénoncer «la politique des généraux algériens qui ont toujours été généreux à l’égard des milices des camps de Tindouf pour les manipuler à des fins non avouées».

Ce même journal rapportait dans son édition du 12 avril que le roi Mohamed VI avait adressé un message de condoléances au président Bouteflika et au peuple algérien frère après le crash.

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