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Afrique du Sud: Orania, nostalgique de l'apartheid, lance sa monnaie virtuelle

Alors qu'en 1991, l'Afrique du Sud mettait fin à 50 ans de lois ségrégationnistes, sortait de terre dans le centre désertique du pays, la ville d'Orania. Signe particulier: n'habitent là que des Blancs. En complète autarcie sur 8.000 hectares, les 1.400 habitants veillent sur la culture afrikaner, loin de la majorité noire. Déjà à l'origine d'un drapeau et d'une monnaie, ils lancent leur bitcoin.
Article rédigé par Véronique le Jeune
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
«Le garçon aux manches retroussées», symbole d'Orania, seule enclave blanche en Afrique du Sud, accueille le visiteur en afrikaans, une langue dérivée du néérlandais. (Stéphane de SAKUTIN / AFP)

En vertu du droit à l'autodétermination garanti par la Constitution sud-africaine, Orania ne se contente pas d'imposer une exclusivité raciale blanche et un entretien serré aux éventuels candidats résidents.

La ville, dont la population vit d'agriculture et de commerce, pourrait aussi devenir la première du pays à utiliser une version locale de la célèbre cryptomonnaie virtuelle inventée en 2009 par un ou plusieurs informaticiens cachés sous le pseudonyme Satoshi Nakamoto.

Selon certains experts, cette monnaie, qui préserve l'anonymat de ses propriétaires, s'échange sur Internet par milliards de dollars. D'autres, en revanche, lui reprochent de favoriser les trafics de drogue, d'armes et même d'êtres humains.

Bientôt l'«e-ora»
Quoi qu'il en soit, dès le mois d'août 2017, Orania devrait rejoindre le club des utilisateurs de bitcoins, avec l'«e-ora», la version électronique de la devise ora papier utilisée dans la ville. «Notre idée, c'est de faire une version électronique de l'ora physique qui existe déjà et de la lui substituer», explique Dawie Roodt, chef économiste à Efficient Group.

Mandaté par les édiles pour réduire le coût de création et d'utilisation de la monnaie classique, ce cabinet de conseil financier a abouti à la conclusion qu'il fallait tout simplement la numériser.
 
Une coupure de 10 ora, monnaie en circulation à Orania, seule ville d'Afrique du Sud qui refuse la mixité Noirs/Blancs. (DR)

Avant même d'être lancé, l'«e-ora» fait déjà des adeptes dans les rangs des Afrikaners.

«Je suis jeune, j'ai l'habitude de faire l'essentiel de mes opérations bancaires en ligne et j'en connais les avantages. Alors si je peux aller un peu plus loin sur cette voie et créer ma propre économie, c'est plus que bienvenu», s'enthousiasme James Kemp, 35 ans, membre comme beaucoup du Mouvement Orania qui a fondé la ville.

Un rand sud-africain=un ora
La «banque centrale» d'Orania permet aux habitants d'échanger leurs rands sud-africains contre des billets libellés en «ora» au taux de un pour un.
La ville place les rands sud-africains récupérés sur des comptes rémunérés et finance ainsi sa devise.

Près de trente ans après la chute du régime raciste de l'apartheid, les Afrikaners d'Orania se voient comme des exilés de l'intérieur, obligés de protéger l'héritage blanc face à la majorité sud-africaine noire et de se donner tous les moyens pour être indépendants.

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