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Un journal ougandais publie une liste de 200 homosexuels du pays

«Red Pepper», un tabloïd ougandais, n’a pas tardé à marquer à sa façon la nouvelle loi anti-homosexualité du pays. La loi à peine promulguée, le journal a fait paraître une liste de deux cents noms de personnalités homosexuelles. Se faisant, il est en accord avec la législation qui impose de dénoncer les homosexuels.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La une du tabloïd «Red Pepper». (AFP)

Les tabloïds ougandais sont en passe de devenir les plus «trashs» de la planète. En 2010 déjà, Rolling Stone avait osé un «Pendez-les», accompagnant la liste de cent personnalités prétendues homosexuelles du pays. A l’époque, le journal avait été condamné suite à l’action en justice des associations LGBT.

Aujourd’hui, en sera-t-il de même pour Red Pepper et sa liste de la honte ? Car le tabloïd a désormais la loi pour lui. Le président Yoweri Museveni a en effet ratifié le texte qui durcit la pénalisation de l’homosexualité en Ouganda.

La prison à vie ne suffisait visiblement pas pour le législateur. Il a rajouté l’interdiction de la «promotion» de l’homosexualité et surtout l’obligation de dénoncer les homosexuels.
Et encore, le texte a été adouci. Il prévoyait la peine de mort en cas de récidive.
 

Red Pepper a donc publié en toute légalité sa liste. Des gens relativement connus en Ouganda, mais qui en grande majorité n’ont pas fait connaître leur choix sexuel.

Une preuve de plus de l’homophobie exacerbée qui traverse l’Ouganda. Elle est propagée par les très influentes églises évangélistes qui regroupent l’élite du pays, à commencer par le président ougandais.
 
Tardivement, l’opinion internationale commence tout de même à faire pression sur l’Ouganda. Washington a annoncé que cette loi «compliquerait» ses relations avec Kampala. La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a rappelé l’Ouganda à ses «obligations contraignantes en matière de droits de l’Homme».

Sur la page Facebook du tabloïd, les commentaires indignés se multiplient.
«Que votre gouvernement l’ai rendue illégale (l’homosexualité) est une chose, une autre chose est que vous avez ouvert une chasse à l’homme. Ferez-vous de même pour ceux qui ne suivent pas votre religion?»

Un autre : «Je ne peux pas croire que ce journal puisse approuver l’éventualité de la mort de gens en raison de leur orientation sexuelle.»

Enfin: «Votre une sur les 200 noms est une honte. Vous n'êtes pas différents de la presse nazie qui appelait à la violence.»

Capture d'écran du site Facebook du magazine Red Pepper. (FTV)

En réponse, dans ses publications, Red Pepper défend une société africaine qui refuse de se laisser corrompre par des mœurs dissolues. En quelque sorte, une lutte contre l'Occident.

Du reste, l'Ouganda n'est pas le seul pays africain à adopter une législation anti-gay. Le Cameroun a récemment créé la polémique en emprisonnant de jeunes homosexuels. La République du Congo pourrait se doter d'une loi homophobe, selon le magazine Jeune Afrique. Enfin, au Sénégal, l'organisation islamique Jamra, associée à un collectif d'associations religieuses, mettent la pression sur le ministre de la Justice. Là aussi, il s'agit de conserver un cap, face à une culture occidentale trop permissive.

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