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Otages français tués : Al-Qaïda revendique le rapt, la France répète sa version des faits

Le groupe Al-Qaïda a revendiqué l'enlèvement des deux jeunes Français au Niger, selon la chaîne de télévision Al-Jazira. Un élément qui s'ajoute à l'enquête française en cours. Le ministère de la Défense a refusé de révéler ce matin les résultats de l'autopsie des corps, renvoyant au Parquet de Paris. Face aux informations troublantes sorties dans la presse, il a répété la version officielle.
Article rédigé par franceinfo
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C'est la chaîne de télévision qatarie Al-Jazira qui le révèle. Le groupe Al-Qaïda a revendiqué le rapt de Vincent Delory et d'Antoine De Léocour, au Niger. Le groupe terroriste précise seulement que les otages ont été tués au cours de combats avec des soldats français, sans préciser qui leur avait donné la mort.

Une question au centre de l'enquête française. L'autopsie des corps a eu lieu ce matin, mais lors de sa conférence de presse hebdomadaire, le ministère de la Défense a assuré qu'il ignorait les conclusions des médecins de l'Institut médico-légal, qui travaillent sous la conduite du Parquet de Paris : “ce qui était important, c'était que soit réalisée une enquête sous la conduite de la Justice. Elle est en cours. Dans ce cadre-là, des expertises médico-légales sont également en cours. Le ministère de la Défense, c'est parfaitement naturel, n'en a pas les conclusions. C'est au procureur de les faire connaître”, explique le porte-parole du ministère, Laurent Teisseire.

Le procureur de la République de Paris ne s'est pas encore exprimé sur le sujet. Les résultats de l'autopsie ne sont donc pas tombés, et pour le moment, tout le monde ignore ce qui en est ressorti. Les corps doivent être ensuite conduits à Linselles, dans le Nord, leur ville d'origine, en vue de leurs obsèques lundi. Nicolas Sarkozy assistera à la cérémonie.

Ce matin, le ministère de la Défense a effectivement donné une version des faits, mais qui n'est que celle que le ministre Alain Juppé et le Premier ministre, François Fillon, répètent depuis la découverte des corps. Elle ne se base pas sur la conclusion des médecins légistes, mais sur les constatations rapportées par les militaires français qui ont inspecté le champ de bataille après l'interception du convoi des ravisseurs par les forces spéciales. D'après les soldats, l'un des corps a reçu une balle dans la tête. C'est ce qui l'a tué, selon le ministère. Pour l'autre, c'est plus flou : “le corps du second portait plusieurs impacts de balles et des brûlures importantes”, détaille Laurent Teisseire, sans donner la cause du décès. La France attribue la mort des deux jeunes hommes aux ravisseurs, et accuse précisément une branche d'Al-Qaïda au Maghreb islamique, celle de Mokhtar Belmokhtar.

Le ministère a souligné ce matin un autre point à éclaircir. Son porte-parole a confirmé que plusieurs personnes portant l'uniforme de la gendarmerie nigérienne avaient participé au combat contre les forces spéciales françaises : “quatre corps de personnes décédées dont deux portaient l'uniforme de la gendarmerie nigérienne, ainsi que deux blessés qui portaient également cet uniforme” ont été remis aux autorités de Niamey, affirme Laurent Teisseire. “il appartient aux Nigériens de donner des éléments de réponse” sur ces personnes, ajoute-t-il. Le ministère de l'Intérieur nigérien a pourtant expliqué qu'il ne détenait aucun terroriste présumé, impliqué dans le rapt. Un haut responsable nigérien affirme même que les gendarmes ont été pris en otage par le commando, qu'ils n'avaient pas d'armes et qu'ils ont été tués par des tirs français.

Grégoire Lecalot, avec agences

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