Offensive libyenne présumée sur Misrata (ouest) et peut-être sur Benghazi
L'armée libyenne a-t-elle rompu le cessez-le-feu qu'elle a elle-même demandé ? Impossible pour l'instant d'avoir des certitudes. Plusieurs témoignages émanant de la ville de Misrata, troisième ville du pays, à 120 km à l'est de Tripoli, font état d'une violente offensive militaire. L'armée aurait pilonné la ville ce soir, dernier bastion des rebelles à l'ouest.
“Il y a toujours des combats en cours”, a rapporté Tariq, un médecin vivant en Grande-Bretagne qui est en contact étroit avec des confrères à Misrata. “J'ai parlé à mes contacts à Misrata (...) ils peuvent entendre des bombardements”. Un autre médecin, sur place, le Dr Khaled Abou Selha, joint par l'agence Reuters, a fait état de 38 morts, dont des enfants, lors d'un assaut lancé ce matin.
Les nouvelles en provenance de Benghazi ne semblent pas rassurantes non plus. Selon des journalistes de l'AFP, une forte explosion suivie de tirs de DCA a été entendue. Les forces du colonel Kadhafi avanceraient rapidement en direction de la ville, selon la chaîne de télévision Al Jazeera. Et le commandement rebelle aurait appelé ses troupes à défendre l'accès à Benghazi au niveau de la ville d'Al Malgroun, située à l'ouest.
L'ambassadrice américaine à l'ONU, Susan Rice, affirme également que la Libye de Kadhafi viole le cessez-le-feu. Elle prévient que l'ultimatum lancé par la communauté internationale, puis par Barak Obama sera appliqué. Et l'ambassadeur de France aux Nation-Unies dit s'attendre à une action militaire de la coalition dans les heures qui vont suivre le sommet Union européenne-Ligue arabe-Union africaine aujourd'hui à Paris.
Des accusations que le gouvernement libyen nie en bloc. Le vice-ministre des Affaires étrangères, Khaled Kaalim, a tenu une conférence de presse ce soir à Tripoli. Il affirme que le cessez-le-feu n'a pas été rompu, que la présence de l'armée est nécessaire à la sécurité des civils. Sans nier ni confirmer le mouvement sur Benghazi, il explique que l'armée est positionnée autour de la ville, mais qu'elle n'a pas l'intention d'y entrer.
Le vice-ministre a appelé des observateurs internationaux, en l'occurrence allemands, chinois et maltais, à venir le plus rapidement possible sur place pour constater que le cessez-le-feu tenait. Il affirme aussi qu'ils constateront que les rebelles commettent des crimes contre l'humanité.
Grégoire Lecalot, avec agences
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