Cet article date de plus de cinq ans.
Nigeria : un jeune professeur enseigne les échecs aux enfants des bidonvilles de Lagos
Publié le 07/09/2019 15:03
Mis à jour le 07/09/2019 15:04
Le pays arrive à la 88e place sur 186 dans le classement de la Fédération mondiale des échecs. Il ne compte aucun grand maître.
Ce n'est pas un jeu très populaire au Nigeria. Mais grâce à Tunde Onakoya, professeur d'échecs de 24 ans, cela pourrait changer. Ce joueur chevronné a créé un club à destination des enfants défavorisés.
Le photographe Pius Utomi Ekpei et le journaliste Emmanuel Akinwotu de l'AFP sont partis à leur rencontre.
Mais Tunde Onakoya, qui a lui-même appris les échecs à l'école primaire, explique "croire en ce jeu, parce qu'il améliore les facultés intellectuelles, la créativité et la concentration. (…) C'est comme de la nourriture pour le cerveau". (PIUS UTOMI EKPEI/AFP)
Il a lancé le projet Chess in Slums ("Les échecs dans les bidonvilles") en septembre 2018, là où les habitants se sentent souvent exclus de la vie de la mégapole. "Ikorodu est le genre d'endroit où il y a beaucoup de problèmes et de pauvreté. C'est un lieu difficile, si tu dis à quelqu'un que tu t'y rends, il te rira au nez", raconte Tunde Onakoya. (PIUS UTOMI EKPEI/AFP)
"Au départ, le but était d'apprendre aux enfants un jeu qui change leur vision du monde et leur donne confiance en eux, mais c'est devenu bien plus que cela. C'est une porte d'accès à d'autres opportunités. (…) Je me suis dit qu'il serait utile d'aider les enfants ici car beaucoup sont très talentueux. S'ils peuvent maîtriser un jeu que les gens n'imaginent même pas qu'ils puissent connaître, cela pourra révéler leur potentiel et leur donner confiance en eux" déclare-t-il. (PIUS UTOMI EKPEI/AFP)
Dans ce bidonville beaucoup de jeunes ne vont pas à l'école, car ils travaillent pour aider leur famille. Le but de ce club est de leur offrir un espace où ils peuvent s'ouvrir à autre chose. En un an d'existence, le club a conquis des adeptes pleins d'enthousiasme. Un enfant, qui a rejoint le club en janvier 2019, est arrivé, quatre mois plus tard, premier au championnat national d'échecs dans sa catégorie d'âge. (PIUS UTOMI EKPEI/AFP)
Jamiu Ninilowo, un adolescent de 14 ans, travaillait dans un garage d'Ikorodu en tant que mécanicien. Son inscription au club d'échecs a changé sa vie. Il est devenu le meilleur joueur du club. Après sa victoire à un tournoi en avril, un donateur impressionné a contacté Chess in Slums et proposé de financer les études secondaires de l'adolescent. "Jouer aux échecs m'aide à devenir un ingénieur mécanique, car cela m'a permis d'aller à l'école", raconte-t-il à l'AFP, arborant fièrement sa médaille autour du cou. (PIUS UTOMI EKPEI/AFP)
Le projet "Les échecs dans les bidonvilles" a permis d'attirer l'attention sur d'autres enfants marginalisés, notamment grâce à des vidéos de ces maîtres d'échecs en herbe partagées sur Instagram, qui mettent en valeur des talents éclipsés par la misère au quotidien explique l'AFP. Aujourd'hui des dizaines d'enfants, dont certains n'ont pas plus de trois ans, s'exercent à ce jeu cérébral. Concentrés devant leur échiquier, ils réfléchissent au prochain coup qu'ils vont jouer. (PIUS UTOMI EKPEI/AFP)
Les joueurs utilisent des applications téléphoniques afin de chronométrer leurs mouvements. Ils inscrivent les résultats de leurs rencontres dans des carnets pour pouvoir analyser plus tard succès et erreurs. "Parfois on gagne, parfois on perd", explique Tunde Onakoya à ses jeunes élèves. "Ce qui fait de vous des champions, c'est la manière dont vous réagissez. Ne déprimez pas quand vous perdez, ne vous découragez pas, concentrez-vous et faites de votre mieux". (PIUS UTOMI EKPEI/AFP)
Tunde Onakoya est devenu consultant pour des écoles privées qui veulent ajouter l'apprentissage des échecs à leur programme scolaire. Il a mis en place, en 2018, le club d'Ikorodu, du nom du gigantesque bidonville de la banlieue de Lagos. "Les gens perçoivent les échecs comme un jeu vraiment difficile, peu accessible, destiné à des gens d'une classe sociale différente de la leur" déplore-t-il. (PIUS UTOMI EKPEI/AFP)
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