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Le Nigeria interdit les importations de produits alimentaires

Le président nigérian Muhammadu Buhari ne sait plus trop comment relancer l’économie de son pays, frappée par la chute des cours du pétrole. Il entend désormais interdire l’importation de produits alimentaires, pour inciter à  produire localement.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le président Buuhari lors d'une parade militaire à Abuja le 12 juin 2019. (PIUS UTOMI EKPEI / AFP)

Le porte-parole de la présidence Garba Shehu l’a annoncé sur Twitter. Buhari a demandé à la banque centrale du Nigeria de bloquer la fourniture des devises étrangères. "La réserve de devises sera utilisée strictement à la diversification de l’économie, et non pas pour encourager l’importation de nourriture étrangère", a expliqué le président, selon son porte-parole. "Ne donnez pas un cent à qui que ce soit pour importer de la nourriture dans le pays."

Selon le gouverneur de la Banque centrale, Godwin Emefiele, l’accès aux devises étrangères est interdit depuis deux semaines pour l’importation de lait. Une nouvelle fois, Muhammadu Buhari adopte une attitude très dogmatique pour relancer une économie atone. Déjà, lors de son premier mandat, il avait imposé des contrôles sur les importations de riz. Selon la BBC, cela a surtout dopé la contrebande à travers des frontières particulièrement poreuses.

A contrario, la présidence se félicite de voir dans plusieurs Etats du pays un retour très fort à la culture du riz, et encourage d’autres Etats à y participer. Selon Buhari, les jeunes Nigérians, y compris les diplômés, s’intéressent désormais à l’agrobusiness.

Risque inflationniste

Mais ces mesures protectionnistes font surtout craindre une flambée du marché noir avec son corollaire, l’inflation. Ce qui ne va pas vraiment dans le sens de l’objectif que s’est fixé le gouverneur de la Banque centrale, Godwin Emefiele. Fraîchement reconduit à la tête de l’organisme, il a promis de ramener l’inflation à un chiffre, de viser une croissance à deux chiffres et de relancer l’emploi.

En fait depuis 2016 et la chute des cours du pétrole, le Nigeria se débat dans une crise économique amplifiée par sa dépendance aux hydrocarbures. Les ventes de brut représentent 90% des opérations de change du pays. La croissance est très faiblement repartie à 1,9% en 2018. A l’heure actuelle, le quart de la population active est sans travail. Un chiffre peu significatif vu l’ampleur de l’économie souterraine.

Une aide américaine

Développer l’agriculture pour rendre le pays autosuffisant est un axe essentiel pour le gouvernement. A cette fin, un plan a été signé avec les Etats-Unis, "Feed the Future", pour stimuler le secteur agroalimentaire dans cinq domaines : l’aquaculture, le niébé, le maïs, le riz et le soja. Depuis 2015, les Etats-Unis ont déjà versé 165 millions de dollars de subvention au Nigeria.

Un éleveur fulani avec son troupeau en avril 2019. (LUIS TATO / AFP)

Parallèlement, le pays veut développer son industrie laitière, d’où l’interdiction de l’accès aux devises pour l’importation des produits laitiers. Mais ce blocus risque de conduire à la pénurie, car la production locale ne couvre que 40% des besoins de la population. Pays le plus peuplé d’Afrique de l’Ouest, le Nigeria ne représente que 13% de la production laitière ouest-africaine. Les importations annuelles de lait et produits laitiers sont estimées à 1,3 milliard de dollars.

Malgré un cheptel important de 20 millions de tête en 2015, moins de 20% du potentiel laitier est consommé. Selon le ministère de l’Agriculture, il existe un énorme potentiel de développement d’une filière laitière.

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