Boko Haram, ces islamistes qui veulent instaurer la charia au nord du Nigeria
L'enlèvement du père Georges Vandenbeusch est survenu dans la région où la famille française les Moulin-Fournier (un couple, leurs quatre enfants, et le frère du mari), avaient été enlevés par Boko Haram en février 2013 avant d'être libérés fin avril.
Les militants de ce groupe extrêmiste, qui prônent un islam radical et rigoriste, sont partisans du djihad (guerre sainte). Sur les quelque 160 millions d'habitants que compte le pays, le plus peuplé d'Afrique, la majorité musulmane se trouve au Nord, le Sud est à majorité chrétienne.
Fondée en 2002 par un prédicateur radical de Maïduguri, Mohammed Yusuf, Boko Haram – traduisez : «l’éducation en Occident est impure» en langue haoussa, la plus parlée au nord du Nigeria – a fait ses premiers émules parmi les diplômés de l'université et auprès des classes aisées ou moyennes, en rupture avec leur milieu, puis dans les milieux défavorisés. Au départ, quelque 200 personnes regroupées dans un campement établi à Kanamma, village frontalier du Niger surnommé Afghanistan et situé dans l'Etat de Yobe.
En quelques années, Boko Hakam est passée du statut de secte salafiste réactionnaire à celui de formation djihadiste terroriste. Ses membres ont peu à peu lancé, à partir de leur base du nord-est du pays, des attaques contre les symboles de l'Etat, principalement des postes de police.
Si le groupe s'est toujours réclamé des talibans afghans, des spécialistes du terrorisme le soupçonnent d'entretenir des liens avec Aqmi, la branche maghrébine d'Al-Qaïda. Longtemps, leurs combattants se sont formés en Somalie auprès des shebabs.
2009 signe la montée en puissance des actions
Le journaliste Chris Ngwodo analyse le phénomène de l'émergence de Boko Haram dans la revue africaine Think Africa Press. Selon lui, elle «traduit la maturation d'impulsions extrémistes ancrées de longue date dans la réalité sociale du nord du Nigeria».
Jusqu'en 2009, la secte sévissait principalement à Maiduguri, capitale de l'Etat musulman de Borno, près des frontières du Cameroun, du Niger et du Tchad. En juillet de cette année-là, une violente insurrection du groupe terroriste a été réprimée dans le sang (800 morts) par l'armée. Le QG du groupe à Maiduguri a été rasé. Mohammed Yusuf tué.
Yusuf, capturé par la police le 30 juillet 2009, sera exécuté quelques heures plus tard
Après avoir fait un temps profil bas, la secte a élargi son champ d'action depuis mi-2010. Elle mène régulièrement des raids meurtriers ailleurs dans le pays visant policiers, militaires, hommes politiques et responsables communautaires ou religieux opposés à leur idéologie.
Le 15 juin 2011, le mouvement s'est dit prêt à la guerre sainte avec «des jihadistes arrivés au Nigeria en provenance de Somalie, où ils ont reçu une formation militaire».
Yusuf tué, Mamman Nur et Abubakar Shekau se disputent le leadership
Et c'est après un séjour en Somalie que Mamman Nur a été identifié le 31 août 2011 par la police nigériane comme le cerveau d'un attentat sanglant, le 26 août, contre le bâtiment des Nations-Unies à Abuja, la capitale du pays. Il était le N°3 de Boko Haram en juillet 2009 avant la mort de Mohammed Yusuf.
Nur aurait ensuite temporairement assuré l'intérim, le temps que l'ex-N°2, Abubakar Shekau, ne se remette d'une blessure par balle reçue lors de l'insurrection de 2009 et ne prenne la tête du mouvement. Mamman Nur se serait ensuite enfui au Tchad puis en Somalie avec ses hommes. Il serait revenu au Nigeria avant l’été 2011.
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